Edito – Des bruits de guerre…

La période des vœux est généralement aimable, suave et pleine d’espoir pour des lendemains qui sont supposés chanter.

J’eusse aimé m’adresser à vous, fidèles lecteurs, sur un tel mode, recherchant l’incipit dont vous pourriez me faire l’honneur de vous souvenir pour un an, ou le joke obligatoire dans le monde anglo-saxon au début d’un speech…

Mais, depuis quelques jours, nous entendons au loin des bruits de botte qui, en ce vingt et unième siècle ressemblent plus au sifflement des missiles balistiques ou au discret bruissement d’aile des drones.

Faisant une fois de plus litière des conventions internationales signées par les Etats-Unis, le président Trump a fait savoir que sa prochaine riposte à tout ce qu’il estimerait être un geste belliqueux à l’endroit des Etats-Unis provoquerait autant de frappes sur le patrimoine culturel Iranien que d’otages humiliés il y a vingt ans dans l’attaque de l’Ambassade américaine à Téhéran soit cinquante-deux.

Persépolis, la cathédrale Saint-Sauveur d’Ispahan, les ponts de cette ville, la capitale de Cyrus le Grand… sont donc en sursis.

Qui sommes nous pour penser que nous y pourrons quelque chose alors que, lorsque le camp d’en face a détruit Palmyre, en un lieu du monde : la Syrie, où la France avait encore une petite influence, nous nous sommes contentés de vociférations diplomatiques.

Et pourtant, comment rester taisant alors que la directrice générale de l’Unesco est française, alors que nos amis d’Europa Nostra qui étaient à Paris il y a peu de semaines s’efforcent de se manifester par un premier communiqué.

Le combat lointain est de même nature que celui que nous menons contre certains élus iconoclastes dans notre ruralité profonde et chacun sait que si l’on veut détruire l’être humain c’est par sa culture que l’on commence.

Certes, nous n’avons aucune bienveillance pour les ayatollahs et leurs cohortes terroristes. Mais la civilisation qui se trouve en Iran dépasse largement l’épisode de l’histoire que nous espérons courte, qui s’appelle la République islamique.

Faisons donc notre possible, mobilisons nos dirigeants, signons, protestons et plus.

Comme je l’ai écrit ces jours-ci à nombre d’entre vous, imprégnions nous de la pensée de Patrice de la Tour du Pin : « Tous les pays qui n’ont plus de légende sont condamnés à mourir de froid ».

Les mille et une nuits ont une origine persane…

Alain de La Bretesche,
Président de Patrimoine-Environnement

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