Edito – Les préfets sont-ils porteurs de la parole présidentielle ?

Image d’illustration d’éoliennes / © SALESSE Florian / LA MONTAGNE / MAXPPP

Le président de la République en déplacement à Pau a eu l’occasion de répondre à des questions concernant les énergies renouvelables au cours d’une conférence de presse. Après avoir vanté l’intérêt de développer l’énergie solaire et l’hydroélectricité : 

« Vous avez parfaitement illustré la manière de répondre à tous les grands défis que je viens d’exposer : par la capacité à développer le solaire et l’hydro. On a deux réserves formidables de ce qui est un modèle français du renouvelable. »

Le président a fait par de ses réserves sur le développement de l’éolien. Je cite :

« Et je le dis en toute amitié, parce que soyons lucides, là aussi : la capacité à développer massivement de l’éolien, il faut être lucide, elle est réduite. 
Peut-être des porteurs… on pourra le faire… là où il y a du consensus, mais le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays. 
Il y a l’éolien off-shore, qu’on a développé et relancé très fortement, mais de plus en plus de gens ne veulent plus voir d’éolien près de chez eux, considèrent que leur paysage est dégradé, ne veulent plus avoir de l’éolien qui s’installe. 
Je regarde les choses comme vous telles qui se passent du territoire. Il ne faut pas l’imposer d’en haut. »

Comme toujours sous la Vème République, la parole présidentielle n’a pas été considérée comme un propos de salon et particulièrement les dernières phrases : « Il ne faut pas imposer d’en haut. »

La question est alors de savoir si cette sagesse présidentielle est descendue jusque dans les cabinets des préfets et, prenons un exemple, jusque dans le bureau de la préfète de l’Indre-et-Loire.

Un projet éolien de cinq aérogénérateurs était envisagé sur les deux communes de Vou et de La Chapelle-Blanche-Saint-Martin depuis 2011.
Un premier arrêté préfectoral a été annulé par le Tribunal administratif dont le jugement a été confirmé par la Cour administrative d’appel d’Orléans.

A la suite de cet arrêt, la préfète a demandé des précisions complémentaires et fait procéder à une nouvelle enquête publique puis a sollicité l’avis de la commission départementale de la nature, des sites et des paysages.

Le résultat de toutes ces nouvelles investigations fut le suivant : les maires de Vou et de La Chapelle-Blanche-Saint-Martin sont « vent debout » contre le projet de même que la plupart des maires des communes voisines. L’avis du commissaire enquêteur est défavorable. Quant à l’avis de la commission départementale, qui a statué -ce qui est rare- sur la demande de notre délégué départemental par bulletin secret, est également défavorable…

« Il ne faut pas imposer d’en haut » dit le président, mais la préfète d’Indre-et-Loire n’a pas dû lire sa revue de presse.

Il y aurait donc dans la balance de l’intérêt général, d’un côté le point de vue des maires concernés, celui de la population interrogée par le commissaire enquêteur, celui des techniciens des services de l’état et des associations représentées à la commission départementale, et de l’autre l’avis solitaire de la préfète.

C’est celui-là qui a fait pencher la balance.

Notre fédération avec plusieurs autres membres du G8 Patrimoine, représentés à la commission départementale ne supportent plus cette outrecuidance préfectorale. Autant, selon la formule célèbre « supprimer le peuple » dès lors qu’il dérange.

Il y a un trop grand écart entre la parole présidentielle et celle de la préfète d’Indre-et-Loire.

Nous n’avons pas l’intention d’en rester là.

Alain de La Bretesche,
Président de Patrimoine-Environnement

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