Edito – Malgré tout, avec confiance et espoir

Décidément cette année 2020 sera à marquer d’une pierre blanche dans nos annales ou… à oublier au plus tôt. Depuis le printemps nous menons tous une vie particulière entre confinements et déconfinements, nous affrontons des épreuves particulières. Les fêtes de Noël et de fin d’année qui auraient dû s’annoncer joyeuses et rassembleuses, n’échapperont pas à une certaine morosité et à une inquiétude qu’impose la pandémie. Étranges, compliqués, éprouvants, les qualificatifs ne manquent à ce temps présent.

Et pourtant, nous ne devons pas céder à « la fascination du malheur » pour reprendre les mots de la théologienne protestante Marion Muller-Colard. Nous devons collectivement garder confiance. « Nous n’allons pas nous complaire dans le repli, nous allons nous laisser rappeler par l’urgence du monde, des autres. », confie-t-elle à La Croix-L’hebdo du 6 novembre 2020. Pour nous l’urgence du monde est bien la sauvegarde et la valorisation de notre patrimoine bâti et paysager. Non par nostalgie d’un passé révolu, mais parce que ces pierres et ces paysages sont le présent et l’avenir de communautés humaines qui en vivent et que nous soutenons.


Garder confiance, cela signifie, pour nous, tenir haut les valeurs de nos engagements. J’aime à répéter les cinq vertus de nos actions en faveur du patrimoine : elles créent du lien social ; elles soutiennent une activité économique, des savoir-faire artisanaux, des chantiers solidaires d’insertion et de réinsertion professionnelles, un développement touristique ; elles participent pleinement au développement durable, préférant la réutilisation à la démolition, la préservation et l’entretien des paysages ; elles participent également à la cohésion sociale quand restaurer fédère et démolir divise, et à l’intégration des populations nouvellement arrivées sur un territoire; enfin elles permettent la transmission de cultures et de spiritualités sans lesquelles, à des degrés divers, nous ne saurions peut-être plus qui nous sommes.

Garder confiance, c’est aussi savoir déceler et accueillir les cadeaux qui nous sont faits, comme des lumières dans la nuit. Sans sous-estimer les motifs d’inquiétude qui nous assaillent, permettez-moi de m’attarder sur quelques unes d’entre elles. Tout d’abord sur ce sentiment que nous ne sommes pas seuls. Le rapport sénatorial qui, en mai de cette année, nous a réconforté sur la nécessité de valoriser le patrimoine rural, sur le numéro de notre revue, Le patrimoine, levier pour les maires ? qui a reçu un excellent accueil auprès des élus (des exemplaires ont été commandés en nombre), des adhérents et des mécènes qui nous soutiennent alors que les temps sont difficiles pour tous ; sur un plan de relance en faveur du patrimoine national et privé dont nous espérons des bienfaits concrets… Et, encore plus important pour nous, la santé de notre président, Me Alain de La Bretesche, qui se rétablit lentement mais sûrement et que nous accompagnons de nos très chers vœux. Enfin, nous nous réjouissons d’accueillir parmi nos administrateurs Christophe Blanchard-Dignac, président de la Coordination pour la Sauvegarde du Bois de Boulogne. Ancien Conseiller-Maître en service extraordinaire à la Cour des Comptes, il fut notamment directeur du budget (1995-2000) et président de la Française des Jeux (2000-2014)). Nous lui souhaitons la bienvenue parmi nous et lui disons combien nous sommes heureux de poursuivre la route avec son soutien et son aide.

Toutes ces bonnes nouvelles sont autant de cadeaux déposés pour nous tous au pied du sapin de 2020. De quoi achever cette année, malgré tout, avec confiance et espoir.


Benoit de Sagazan, Vice-Président de Patrimoine-Environnement