Témoignage : Confinement de l’écomusée la Ferme d’antan à Plédéliac (Bretagne)

Une petite ferme typique des années 1960 est abandonnée par ses propriétaires, dans un hameau de Plédéliac, commune rurale et forestière du département des Côtes du Nord, devenu depuis Côtes d’Armor.

La Ferme d’antan, Plédéliac © Madeleine Houzé

Ruralité mais proximité des belles plages de la Côte d’Émeraude à 20 km.

Cette petite ferme a été restaurée de 1974 à 1976 par une association de bénévoles de la commune pour lui redonner son aspect d’origine et en faire un musée de la vie paysanne.

Depuis 1976, le musée est ouvert au public, groupes et individuels, toujours grâce à une équipe de bénévoles et à trois emplois créés successivement sur le site.

Nous privilégions le contact direct avec les visiteurs et la transmission des savoir faire anciens aux groupes scolaires, ainsi qu’à travers des stages pour les individuels, alors, l’année 2020 avec son virus venu, on ne sait d’où, nous atteint complètement, financièrement d’abord mais moralement aussi.

Chaque début d’année est occupé par la préparation de l’année, supports publicitaires, mise en place des nouvelles expositions, prise de rendez-vous des groupes et des scolaires, prévisions et organisation des animations et des fêtes plus importantes, utiles et indispensables pour générer des recettes complémentaires, afin d’ équilibrer le budget de l’année.

Notre saison ne commence vraiment qu’en avril.

Or, depuis le 17 mars 2020, tout s’est arrêté, les groupes et écoles ont tous annulé leur venue, nous n’avons aucun rendez-vous désormais jusque octobre. A cette même date nous avons dû mettre les deux animatrices en situation de chômage, pour l’une en « garde d’enfants », pour l’autre en chômage partiel, lui demandant 4 heures seulement de présence. Nous avons maintenu l’ emploi de la personne qui s’occupe des animaux de la ferme.

Le musée étant fermé pour cette période de risques de pandémie, les animations prévues ont été annulées. Par exemple, la Fête de la Bretagne, les 16 et 17 mai. En juin, les journées du 6 et 7 juin pour le Rendez-vous au jardin ayant pour thème « Transmission des Savoirs », ainsi que le 28 juin pour la Journée du Patrimoine de Pays avec comme thème « L’Arbre, vie et usages ».

Heureusement, depuis si longtemps notre lien avec le musée reste très fort, nos bénévoles sont habitués à persévérer et à recommencer les tâches chaque année, à maintenir le musée en bon état, et le rendre toujours plus agréable à visiter.

Chacun se consacre à ce qu’il sait faire, les uns au jardin potager de légumes anciens, les autres aux réparations et à l’entretien, d’autres au suivi des quelques animaux, d’autres à la propreté des lieux, du mobilier ancien, des pelouses et espaces végétaux, d’autres à la recherche pour les expositions, à la gestion et à la vie du lieu dans le village.

Cette année, avec la période de confinement, beaucoup de retard s’est accumulé mais depuis le 11 mai, chacun s’est à nouveau « attelé à l’ouvrage » pour accueillir dignement les visiteurs pendant les week-end de juin.

Concrètement donc, nous allons ouvrir au public les vendredis, samedis et dimanches de juin de 14h à 18h, ainsi les animatrices vont venir reprendre contact, une journée chacune par semaine, le dimanche étant assuré par des bénévoles. Il ne serait pas possible d’ouvrir tous les jours comme d’habitude et de reprendre le travail complètement. Avec toute l’activité en moins, nous craignons de ne pas pouvoir assurer financièrement les charges dûes aux emplois.

Notre seul espoir, c’est que les visiteurs viennent en nombre suffisant.

Conscients des peurs du Covid 19, nous appliquerons les règles sanitaires de rigueur, et, nous avons fléché un parcours de visite en boucle pour éviter tout croisement des autres visiteurs. Le site présente beaucoup d’espaces en extérieur permettant la distanciation, les locaux visitables et lieux d’exposition sont suffisamment nombreux pour que la répartition des personnes soit simple.

Si la pandémie ne revient pas au galop et que nous sommes autorisés à ouvrir cet été, le musée sera ouvert tous les jours en juillet et août. Mais notre grande question en ce moment tourne autour du maintien ou pas de notre grande fête estivale du premier dimanche d’août intitulée « Fête du Bois au Village d’Antan ». C’est pour nous un grand moment qui rassemble une partie de la population de la commune pour l’organisation. De plus, cette fête génère des recettes qui permettent de compléter le budget de l’année en cours.

Aujourd’hui, la décision n’est pas encore prise, fête ou pas fête ? Nous sommes une association, chacun peut avoir une vision différente de ces quelques mois à venir, il y a les prudents et les optimistes, les frileux et les fonceurs. Mais un seul est maître, le virus 2020 !!

En octobre, nous organisons chaque année « Chaud ! Les Châtaignes » une autre grande fête autour des couleurs, saveurs, senteurs d’automne. Une même question se posera, fête ou pas fête ?

Heureusement, nous ne sommes pas complètement abandonnés, le département des Côtes d’Armor et La Communauté de communes Lamballe Terre & Mer nous versent les subventions prévues pour l’aide à l’emploi. Nous les remercions.

Un autre sujet bouleverse les plans de l’association. En effet, dans la volonté de faire évoluer l’écomusée et dans le souci de valoriser tout un patrimoine qui se présente à nous par le biais d’un donateur, nous avions en projet, la construction de nouveaux locaux pour accueillir des collections. Ces collections permettent de reconstituer toute une série de petites boutiques anciennes et d’artisans des années 1930. Mais actuellement, nous n’avons pas la possibilité de mettre en valeur cet héritage, et donc la chute d’activité de cette année affaiblit encore plus nos espoirs.

En conclusion, la période de confinement a pu être un moment de repos forcé ou agréable pour les uns, une période difficile pour tous ceux confrontés directement à la maladie, une période angoissante pour tous ceux perdant la possibilité de vivre dignement. C »est une période qui aura tout changé, qui aura impacté tout et chacun différemment.

Ce qu’il ne faudrait pas, c’est perdre l’enthousiasme. Il ne faudrait pas que ce soit le bon et mauvais prétexte pour arrêter tout ce sur quoi on s’est engagé avant le confinement.

Qu’il s’agisse d’actions ou de projets, il faut plutôt persévérer et chercher l’amélioration.

La Ferme d’antan est le produit d’une idée de quelques personnes qui s’est maintenu, qui a grossi, et rassemblé beaucoup d’adhérents bénévoles au fil de temps depuis plus de 45 ans, qui reçoit plus de 15 000 personnes par an, il ne faut pas qu’un virus y mette fin.

Madeleine Houzé,
Co-présidente de l’écomusée la Ferme d’antan

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