Hesdin, le renouveau : des outils au service du Patrimoine

Hesdin dans le Pas-de-Calais, est une petite ville rurale au bord de la Canche de 2300 habitants, avec son riche passé, son patrimoine historique important et sa forêt domaniale de plus de 1000 ha remarquable par ses hêtraies. Une industrie agro-alimentaire dont une distillerie de renommée contribuait à la richesse commerciale et au dynamisme de ce bourg prisé des Anglais mais les crises économiques sont passées.

Rencontre avec Matthieu Demoncheaux, maire depuis 2020, qui s’est donné pour objectif de faire renaître Hesdin. Matthieu Demoncheaux, aujourd’hui, quel est l’état des lieux ?

D’un côté, une petite ville qui a « perdu » une partie de son industrie, donc de ses emplois traditionnels, comme beaucoup de petites villes françaises, avec toutes les conséquences habituelles dont la face visible sont les difficultés des commerces.

D’un autre côté, un passé historique très riche qui se traduit visuellement par un patrimoine de grande qualité. Le « Vieil Hesdin » fut détruit par Charles Quint en 1553 puis reconstruit sur le lieu actuel et resta espagnol jusqu’en 1639, la reconquête par Louis XIII. Louis XIV et Vauban la fortifièrent (on a retrouvé le plan d’origine !). Hesdin fut longtemps ville de garnison (caserne Tripier et la salle du manège). Outre ses fortifications, remparts du XVIIème siècle, casernes, la ville a de nombreux monuments classés : l’Hôtel de Ville avec son beffroi, inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, l’église Notre-Dame de style gothique tardif avec ses briques d’origine du XVIème siècle, l’Hospice Saint-Jean dont la chapelle est l’œuvre de Clovis Normand, notre « Viollet-le-Duc » du nord de la France. Et de nombreuses maisons anciennes dont celles du Père Brassard, de l’Abbé Prévost (1560), dans un centre historique remarquable.

Un artiste peintre, depuis quelques années, cherche à faire revivre Hesdin…

Oui, Domé, un artiste peintre devenu adjoint à la culture, a créé une association d’artistes de divers horizons. Son projet est d’occuper les commerces vides avec des galeries d’artistes : une belle idée qui fonctionne bien avec des manifestations de grande qualité ! Ville d’art et d’histoire, c’est dynamique et attirant pour le visiteur !

Alors quel est votre projet pour Hesdin ?

S’appuyer sur le potentiel exceptionnel bâti et naturel d’Hesdin et sa région pour répondre à une offre variée de tourisme. Notre patrimoine historique et naturel doit être la locomotive du renouveau économique de la ville. Il nous faut enclencher le cercle vertueux de la qualité du cadre de vie : une belle ville attirante, les touristes viennent, consomment sur place, la population est valorisée, de nouveaux habitants, les entreprises à la recherche d’un cadre de vie agréable pour fidéliser leurs collaborateurs… Mais pour cela, il nous faut d’abord restaurer et c’est urgent, pour enfin valoriser le patrimoine. Et cela coûte cher – 5 millions d’euros pour l’ensemble – avec d’autres besoins tout aussi urgents comme l’école… A noter le don de 800 000€ d’un Hesdinois pour la restauration de la chapelle de l’hôpital : encourageant !

Quelle est votre stratégie pour atteindre cet objectif, notamment sur le plan des institutions publiques ?

Sur le plan communal, saisir les opportunités : Hesdin adhère au dispositif de « Petites Villes de Demain », l’Office National des Forêts trouvait intéressante et novatrice l’idée de travailler sur l’attractivité touristique de ses domaines, l’Etat en la personne du sous-préfet de Montreuil sur Mer, passionné de patrimoine, le Département, la Région aussi.

Mais Hesdin a besoin de sa campagne, tout comme les villages autour ont besoin d’un bourg-centre dynamique : c’est le rôle de la com de com, dont j’ai accédé à la présidence.

Et, en toute logique, j’ai créé un service nouveau « Patrimoine » avec, à sa tête, un médiéviste passionné, « créateur » du musée actuel d’Azincourt, Christophe Gilliot.

Fort de ces outils, quelle est votre méthode sur un plan pratique ?

1. Mettre le plus de monde autour de la table : ce n’est pas mon projet, c’est le projet des 7 Vallées. Un exemple : pour réfléchir sur l’avenir de la friche de la sucrerie, j’ai mis en place un atelier avec des participants très variés : la DRAC mais aussi le président de l’association locale des pêcheurs.

2. Communiquer ! Faire qu’Hesdin soit connue bien au-delà de la Région. Nous sommes lauréat national « Oh la belle Ville », candidat des Hauts-de-France pour le « Village préféré des Français », Stéphane Bern est parrain de l’association « Hesdin Patrimoine » et ce n’est pas fini !

3. Phaser cette renaissance avec un plan pluriannuel de 4 ans sur 3 monuments.

Un agenda de travaux ?

Nous avons commencé les travaux sur l’église en 2022, et si tout va bien en 2023, nous entamerons ceux sur le beffroi. Etat, Département, Région nous suivent ainsi que la Fondation du Patrimoine avec un mécénat à l’étude d’entreprises (Fondation Total et autres) et de particuliers.