2 000 visiteurs pour la première Journée des clochers !

clocherLundi dernier, près de 2 000 personnes ont pu profiter d’un patrimoine peu connu et insolite : la Journée des clochers, organisée par le Conservatoire Européen des Cloches et Horloges (CECH), invitait le public à franchir les portes habituellement fermées des  églises, abbayes, musées, et carillons de Seine-Maritime.

 

Retour sur cette journée avec Nicolas Gueury, Président du CECH

 

 

Pourquoi avoir organisé cette Journée des clochers

Les compétences des campanistes, acquises après de longues années d’expérience, pourraient disparaître progressivement et c’est le patrimoine, en premier, qui serait perdant.

Etant le nouveau directeur général des sociétés Mamias (93) et Biard-Roy (76), je suis persuadé que les budgets communaux seront de plus en plus serrés dans les années à venir. Or, au moins 95 % des églises appartiennent aux communes !

Il faut donc sensibiliser les habitants en les rapprochant de leurs cloches et horloges et aider les communes ou sites à trouver des financements.

Une action du CECH est intervenue plus tard : la réalisation de l’inventaire national  des horloges d’édifice qui n’existait pas. Celui-ci sera « compatible » avec celui des cloches réalisé par la Société Française de  Campanologie (SFC). Avant de créer le CECH, un contact a été pris avec la SFC de façon à s’assurer qu’il y avait complémentarité entre les deux associations.

Comment s’est déroulé le processus de création de la journée des clochers ?

Pour sensibiliser les habitants, il fallait créer un évènement annuel qui permette de les faire monter dans leur clocher : la Journée du Clocher dont le nom a été déposé à l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle).

Les élections municipales de 2014 empêchant un premier lancement, ce n’est qu’en 2015 que la première Journée du Clocher a vu le jour.

Tout d’abord, au niveau national, le CECH a proposé à la Sauvegarde de l’Art Français, Patrimoine Environnement, la Fondation du Patrimoine, la Société Française de Campanologie, Rempart, la SPPEF de se réunir et de devenir partenaire de la Journée du Clocher. Unanimement, le projet a été accepté. Les VMF ont rejoint le groupe par la suite.

Il a été décidé, ensemble, de commencer par le département de la Seine-Maritime afin de mettre au point les procédures.

Ensuite, des contacts ont été pris avec les acteurs du département : le Comité Diocésain d’Art Sacré puis l’Archevêque, l’association des maires, le Conseil Général, la Fondation du Patrimoine de Haute-Normandie, le Comité Départemental du Tourisme…

Il a été décidé avec Monseigneur Descubes de fixer la date au lundi de Pentecôte au lieu du lundi de Pâques initialement prévu.

Quels bénéfices a engendré le CECH ?

Fort de tous ces soutiens sans restriction, le CECH a recherché les églises dont les clochers sont accessibles par un escalier et pris contact avec les maires de ces communes. Des visites sur site ont été effectuées et un inventaire des cloches et de l’horloge a pu être effectué dans certains sites.

Un « Guide pour l’ouverture d’un clocher » a été rédigé et remis aux maires. Des musées et des carillons ont été aussi prospectés.

Le site www.cechfrance.fr a permis à tous de connaître les sites ouverts. Une campagne de presse a été lancée: TV, radios, presse écrite, internet, soit 40  parutions.

Une recherche de mécènes a permis d’avoir le soutien financier de :

Groupama, Musée Michel Ciry de Varengeville-sur-Mer, le Cabinet Blétry et Associés et Brioche Pasquier.

Il faut remercier ces mécènes qui ont fait confiance au CECH en acceptant de prendre un risque avant de savoir si cet évènement serait un succès.

Quel retour avez-vous reçu du public ? Quelles étaient leurs attentes ?

Au total, 22 sites ont participé à la Journée du Clocher : 14 églises, une abbaye, deux abbatiales, un couvent, deux carillons et deux musées.

Deux autres sites ont été ouverts en Côte-d’Or sur l’initiative d’un passionné du patrimoine.

Environ 2 200 personnes se sont déplacées. Sont venus, en plus des habitants, des visiteurs de plusieurs départements et même de Belgique. Les habitants étaient ravis de voir leurs cloches si souvent entendues et se raconter leurs souvenirs dans leur église.

Beaucoup d’élus, de bénévoles, d’agents municipaux se sont mobilisés. Ils ont été récompensés de leurs efforts : préparation, nettoyage de l’escalier et de la chambre des cloches, accueil, visites, expositions, communication… Tout ceci n’aurait pu avoir lieu sans le soutien des curés qui ont ouverts grandes les portes de leur église.

Eglises, abbaye, abbatiales, musées, carillons ont été pris d’assaut. Les réservations, quand demandées, ont été complètes trois jours avant. Quelques fois, il a fallu un peu de patience pour pouvoir monter dans le clocher, mais toujours dans la bonne humeur.

Certains sites ont refusé des visiteurs : Gros Horloge de Rouen, Abbatiale Saint-Ouen de Rouen, Montville. D’autres ont prolongé l’heure de fermeture.

Quel avenir pour les Journées des clochers ? Allez-vous vous étendre sur d’autres départements ?

Tous, visiteurs et organisateurs, ont souhaité voir renouvelée cette Journée du Clocher en 2016. Les résultats, si remarquables, vont inciter d’autres communes à ouvrir leur clocher. Pour une commune, voire une communauté de communes, cette journée permet de mettre en valeur leur patrimoine et de valoriser leurs investissements dans les églises.

Les professionnels, campanistes, vont bénéficier de cet évènement et ainsi conserver leur savoir-faire si long à acquérir.

Le CECH a non seulement l’intention de recommencer en 2016, mais encore, d’étendre la Journée du Clocher à d’autres églises de Seine-Maritime ainsi qu’à d’autres départements.

Pour se faire, le CECH cherche des personnes motivées pour prendre en charge l’organisation sur un territoire.