Un projet de parc éolien marin au large d’Oléron, au cœur d’une zone Natura 2000 et d’un parc naturel.

Les parcs éoliens en France

Les parcs éoliens, aussi appelés centrales éoliennes où fermes éoliennes, sont des sites regroupant plusieurs éoliennes produisant de l’électricité. Ils se trouvent toujours dans des lieux où le vent est fort et/ou régulier. En France, l’industrie dédiée à l’éolien en mer se développe depuis quelques années. On compte désormais sur le territoire français sept projets éoliens en mer approuvés, parmi lesquels trois d’entre eux sont entrés en phase de construction : Fécamp, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire.

Le projet du parc éolien marin au large d’Oléron

Ce projet s’inscrit dans un ensemble de projets relatif à l’éolien maritime au large, il a été sujet à controverse … et pour cause !  Situé au large de l’île, le projet se situe au cœur d’une zone Natura 2000 et d’un parc naturel. On ne peut que déplorer ce projet qui au nom des énergies « renouvelables » en mer vient mettre en péril la nécessité de préserver la biodiversité aviaire et marine, dont la richesse et la fragilité ont motivé la mise en place de zones protégées.

Malgré cela, le groupe de producteur d’électricité WPD offshore indique dans le calendrier provisoire que le parc sera composé de 50 à 80 éoliennes dont l’éolienne la plus proche de l’île d’Oléron se situera à environ 15km du port de La Cotinière et que la mise en service est prévue pour 2018. Après négociations, les acteurs de la filière ont réussi à intégrer la ferme éolienne oléronaise dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) d’avril 2020. Annoncée début novembre, cette PPE est un outil de pilotage fixant les ambitions françaises en matière d’avenir énergétique du territoire, on y trouve notamment la mention de l’implantation de ce parc en zone Sud Atlantique. Le projet va certainement figurer à l’ordre du prochain conseil maritime de la façade Sud Atlantique, la phase réglementaire touchant à sa fin.

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Un projet au cœur d’une zone protégée

En 2008, une zone importante de protection spéciale a été délimitée : «Pertuis charentais-Rochebonne», sur le fondement de la directive européenne «Oiseaux». Ce « grand secteur constitue, en continuité avec les zones de protection spéciale  » large de l’Ile d’Yeu  » et  » panache de la Gironde « , un ensemble fonctionnel remarquable d’une haute importance pour les oiseaux marins et côtiers sur la façade atlantique, selon l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel). En 2015, un parc naturel marin a également été créé. Il s’agit de «l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis charentais». Le décret de création du parc reconnaît «la remarquable diversité des habitats marins», ainsi que «l’existence d’espèces rares et menacées, notamment l’avifaune, les mammifères marins…».

A ce propos, WPD offshore France, assure sur son site, que : « Des prospections par avion et bateaux permettent de préciser les enjeux sur la zone. Elles peuvent être couplées à des analyses plus spécifiques (baguage, suivi télémétrique, pose de radar en mer). Les nombreux retours d’expérience sur les parcs éoliens en mer existants démontrent un fort taux d’évitement des oiseaux. » ainsi que « Des modélisations sur les bruits sous-marins permettront d’évaluer les effets du parc éolien en phase travaux. Les retours d’expérience en mer du Nord notent une dispersion des mammifères marins pendant les travaux avant une recolonisation des lieux une fois les éoliennes installées. ». Cela étant dit, la fragilité et l’exceptionnalité du site questionnent sur la véritable prise en compte des impératifs de protection du site.

Un projet en péril

Par ailleurs, il est important de rappeler que si le cadre juridique gouvernant les sites Natura 2000 s’inscrit dans une logique de conciliation qui n’interdit pas les activités économiques, la règle maitresse reste bien la préservation de la faune et de la flore qu’il recouvre. Cette affirmation vaut malgré le fait que la Commission européenne, dans sa communication du 18 novembre, ait affirmé que « l’aménagement éolien en mer sur un site adéquat est le moyen le plus efficace d’éviter les conflits potentiels avec les sites Natura 2000 et les espèces et les habitats protégés par l’UE». Pour corroborer l’importance de la préservation de ces espaces, nous pouvons notamment citer l’arrêt de la Cour administrative de Nantes rendu le 6 octobre 2020 qui jugeait l’implantation en Méditerranée de trois éoliennes flottantes incompatible avec les dispositions protectrices des sites Natura 2000. La loi « Asap » (accélération et simplification de l’action publique) prévoit de transférer la compétence de ces types de contentieux au Conseil d’Etat. Espérons que les exigences soient similaires.