Quand l’incohérence d’un projet municipal menace un site historique de La Rochelle…

Dernier espace urbain en friche dans le centre-ville de La Rochelle, la friche du Gabut, qui accueille le tiers-lieu La Belle du Gabut chaque été depuis 3 ans, va être réhabilité.

Maquette de la Friche du Gabut à La Rochelle © APPR

La Friche du Gabut vue actuelle © APPR

La réhabilitation de ce lieu exceptionnel, avec une vue dans trois directions sur les tours et le chenal à l’ouest, le Vieux Port au nord et le Bassin des Chalutiers au sud, constituait l’un des objectifs définis lors des assises de la culture de 2015.

Le 22 novembre 2019,  Monsieur Fountaine, maire de la Rochelle a présenté avec assurance et fierté au Musée Maritime, la création d’un espace pluridisciplinaire, créatif et populaire en lieu et place de la friche. Ce site public devrait prochainement devenir un espace d’expression artistique animé par le Centre national des arts de la rue et de l’espace public de Nouvelle-Aquitaine (CNAREP), demandeur d’espace pour son matériel, le Carré Amelot (Espace Culturel de la Ville) quittant l’Arsenal par souci de rationalisation et réunion de bureaux, et un troisième opérateur qui sera probablement La Belle du Gabut.

Suite à un concours lancé par la ville, c’est le cabinet bordelais Flint qui a été retenu pour mener le projet dont le calendrier prévoit un dépôt du permis de construire en mars 2020 et le démarrage du chantier à la fin de cette même année.

Cependant, cette réhabilitation pose des problèmes à l’Association pour la Protection du Patrimoine Rochelais (APPR) qui depuis de nombreuses années s’intéresse de près à cet espace. Depuis près de 30 ans, l’APPR parvient à arrêter tout projet de réhabilitation, et ce malgré des rejets des tribunaux administratifs. Le dernier projet en date fut l’établissement d’un hôtel 5 étoiles, plié par l’APPR et que  la tempête Xinthia a terminé de coucher.

Selon l’APPR la création d’un tel espace s’apparenterait à une « confiscation de l’espace public au profit de trois opérateurs ». Lors de la présentation faite en novembre par le maire a il a été question que les besoins des destinataires (ici un besoin d’un espace en ville) déterminerait l’architecture…

L’APPR déplore la destination du site à des activités dont la place est ailleurs (dans la ville) et l’architecture massive et fermée du projet. Pour le président de l’association, Clause Mosse, « ce lieu doit être à destination d’un public universel et le projet doit être aussi bien général que collectif« . Il mentionne une idée de médiathèque avec vue panoramique ou encore un simple espace vert en accord avec le cadre d’exception dans lequel s’inscrit actuellement la friche.

Pour l’APPR, il y aurait un risque de surdensification et l’architecture du projet serait trop massif, trop tassé. Claude Mosse questionne d’ailleurs la présence d’une cheminée en brique sur le bâtiment dessiné par le cabinet Flint, rappel d’un passé industriel inexistant sur ce site de la Rochelle

Il est nécessaire d’analyser ce que représente géographiquement et historiquement le site pour les Rochelais.

APPR

Cette fois-ci l’association espère ne pas avoir à entrer dans une bataille juridique, bien que désormais rodée à l’exercice, et privilégie les négociations dans le contexte électoral actuel. Le quartier du Gabut cristallise les clivages entre les différentes têtes de liste.

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