Les Murs à Pêches de Montreuil menacés ?

Historique des Murs à Pêches

Murs à peches montreuilFigurez-vous de longues parcelles agricoles ou des jardins enfermés dans de hauts murs de moellons et de plâtres (de presque trois mètres), en banlieue parisienne : voici les Murs à Pêches de Montreuil ! Depuis le XVIIème siècle, ces murs rythment le parcellaire de Montreuil, en en faisant un des centres agricoles urbains les plus proches de Paris.

Quelle technique pour les murs à pêches ? Ces murs en terre, plâtre et moellons, protègent les cultures des intempéries et gardent la chaleur du soleil. Ainsi, cela permet de cultiver dans Paris des cultures habituellement méridionales, comme les fameux pêchers d’où les murs à pêches tirent leur nom.

S’ensuit une culture intensive de pêches, fraises et cerises, la création d’un savoir-faire et de techniques propres à Montreuil, jusqu’à son apogée dans la seconde moitié du XIXème siècle. C’est à partir des années 1970, avec les premières politiques d’aménagement territorial, que la question de la conservation et la protection de ces espaces se posent : les premières associations se mobilisent pour défendre le patrimoine commun de la ville.

En 2003, près de 8 ha ont été classés par le Ministère de l’Environnement au titre des « sites et paysages ». Ce classement reconnaît trois intérêts majeurs au site: patrimoine anthropologique, techniques de constructions originales et un paysage particulier. Les murs font aussi l’objet de chantiers de restauration depuis 2006. Cependant, la vie à Montreuil continue et les projets d’aménagement se poursuivent : le dernier en date inquiète les associations montreuilloises.

Le projet de l’ex-usine EIF

En effet, dans le cadre du Grand Paris, a été prévu l’aménagement de l’ex-usine EIF (terrain de 1.9 ha) située en plein cœur des Murs à Pêches.

< Voir le site en reconversion >

usine eif montreuilEn octobre 2017, c’est le promoteur UrbanEra, filiale du groupe Bouygues Immobilier qui a été choisi pour mener à bien ce projet de restauration. En voici la description : « [ce sera un] programme immobilier de 13 270 m2, incluant des logements, mais aussi 5 000 m2 d’activités où l’on retrouvera les entreprises actuellement présentes dans les locaux de l’usine, mais aussi des espaces de coworking, un fablab, etc… »

L’inquiétude des associations

La Fédération des Murs à Pêches a publié un communiqué de presse et lancé une pétition pour alerter sur ce projet, qui menace les murs à pêches. Pour quels griefs ?

Pour la construction de cette usine, qui nous le rappelons, sera située en plein coeur du secteur des murs à pêches, la Fédération rapporte qu’il va falloir détruire près de 3700 m² de murs à pêches, afin de pouvoir implanter les bâtiments et les logements sociaux ! De plus, les mètres carrés restants rentreront dans l’escarcelle de la multinationale Bouygues, qui sera gestionnaire de 2900 m². La Fédération s’oppose à ce qu’un promoteur immobilier devienne gestionnaire de parcelles classées patrimoine d’intérêt national, et n’accepte pas que la ville brade ainsi son patrimoine commun.

Enfin, la Fédération rappelle qu’elle n’est en aucun cas opposée à la reconversion de l’usine, qui est nécessaire : elle aurait aimé que ce projet de reconversion se fasse « en cohérence avec un projet global pour le site [des murs à pêches] ». Elle dénonce aussi le peu de concertation avec les habitants pendant l’appel à projets. De son côté, le maire assure qu’aucune parcelle de murs à pêches ne sera détruite.

Pour lire et signer la pétition, c’est par ici :

< La pétition >

 

Sources :