Dictionnaire du patrimoine breton : une valeur sûre pour un prix modique

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Le mot « dictionnaire » a souvent l’art d’en faire fuir plus d’un : « Pfff… ! Encore un pavé illisible ! Pas de danger pour que j’ouvre un truc pareil ! », pensera-t-on facilement. Eh bien, figurez-vous que c’est exactement le contraire qui se passera si vous avez la curiosité d’aller feuilleter ce bel ouvrage dont les nombreux articles, présentés de façon attrayante, font que l’on se prend facilement au jeu et que l’on a du mal à le refermer. La Bretagne y est traitée dans ses frontières historiques, c’est-à-dire dans ses cinq départements.

S’il y a bien un livre sur la Bretagne à posséder dans sa bibliothèque c’est, à mon avis, celui-là. D’une part parce qu’il peut se lire article par article et sans ordre particulier, d’autre part parce que l’extrême variété des sujets abordés le rend précieux non seulement pour obtenir une réponse immédiate sur un point précis, mais encore pour aller plus loin sur telle ou telle question. C’est le genre d’ouvrage que vous pouvez ouvrir à tout moment, que vous ayez cinq minutes ou deux heures à occuper : on ne s’ennuie jamais avec, tant les articles s’enchaînent naturellement les uns à la suite des autres et que tous sont écrits clairement et intelligiblement, rendant au final le dictionnaire accessible aussi bien au collégien qu’à l’étudiant, au simple curieux qu’à l’amateur éclairé qui, toujours, y apprendront quelque chose. C’est, à n’en pas douter, du grand art.

Dès le premier abord, il se révèle attractif, engageant… D’un format agréable à manipuler (23 cm x 18 cm), sa couverture s’orne de belles broderies bretonnes or sur fond noir. Le toucher onctueux et agréable – oserais-je dire presque sensuel ? –  donne immédiatement l’envie de découvrir l’intérieur du livre, aboutissement de sept ans de recherches.image2

Les signatures sont prestigieuses, à commencer par celles des responsables de l’ouvrage : Alain Croix et Jean-Yves Veillard, tous deux historiens, chercheurs et auteurs de nombreux livres. Mais faut-il encore les présenter ?

Collectif de 1111 pages, ce dictionnaire en est à sa troisième édition (2013), ce qui montre assez l’intérêt qu’on lui a et qu’on lui montre encore. Ses 939 articles de tailles variées ont tous été rédigés par des spécialistes reconnus et dont les noms n’occupent pas moins de sept pages en fin d’ouvrage. Les contenus de haute qualité en sont très précis, très serrés. Quelques exemples pris au vol : beurre, monuments aux morts, Résistance, Malivel (Jeanne), traite des Noirs, dundée, andouille, gallo, union, remembrement, gwerziou, chasse-marée, Suscinio, Rohan, parlement, festivals, chevaux, Martyre (La), Quillivic (René), chapeau… Comme on le constatera aisément, les thèmes abordés sont des plus variés et, parfois, des plus inattendus. Chaque article est signé.

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Les illustrations en couleur ou en noir et blanc quant à elles sont omniprésentes, ajoutant à l’attractivité et à l’intérêt du dictionnaire. Certaines d’entre elles sont en pleine page. Toutes sont fort belles et très  didactiques. Plans, cartes, photos de monuments, personnages, peintures, gravures, sculptures… la variété est gage d’agrément et réserve de bonnes surprises au détour de l’une ou l’autre page.

Une bibliographie originale incluant discographie, filmographie et « netographie », ainsi qu’un index très volumineux complètent de façon efficace cet époustouflant dictionnaire.

Un ouvrage des Presses Universitaires de Rennes qui, comme à l’habitude, nous offrent là un travail de qualité et très pédagogique. Une somme que toute bibliothèque familiale, toute médiathèque municipale, tout C.D.I. devraient avoir sur leurs rayons. Ouvrage de passionné, de vacancier ou de simple curieux. Mieux : ouvrage d’humaniste.

Philippe-Guy Charrière

Le lien vers le site des Presses Universitaires de Rennes