MEDAM, une précieuse base de données sur l’aménagement et ses dérives des côtes littorales

MEDAMMEDAM (Côtes Méditerranéennes françaises. Inventaire et impact des Aménagements gagnés sur le domaine marin) étudie, comme son nom l’indique, l’impact des aménagements sur le domaine marin du littoral méditerranéen en proposant un grand nombre de cartographies et de statistiques.

Qu’est-ce que MEDAM ?

Cette base de données élaborée par le laboratoire de recherche de l’université Nice Sophia Antipolis et dirigé par Patrice Francour, ex LEML (Laboratoire Environnement Marin Littoral) et désormais dénommé ECOMERS (Ecosystèmes Côtiers Marins et Réponses aux Stress), étudie l’impact de l’aménagement du littoral méditerranéen des côtes françaises et la cartographie des biocénoses marines (c’est-à-dire l’ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace défini, le biotope). Depuis 1978, le laboratoire suit l’évolution des dégâts causés par les aménagements humains sur le domaine infralittoral (c’est-à-dire la partie du domaine littoral submergée en permanence, au- dessous du zéro hydrographique) des côtes méditerranéennes françaises y compris l’étang de Berre et les côtes de la principauté de Monaco.

C’est dans ce cadre que MEDAM recense toutes les installations supérieures à 0,01 ha construites sur la mer en réunissant des cartes du rivage vierge de toutes constructions, des cartes des surfaces touchées, et les plans et les photos aériennes des ouvrages.  Chaque nouvelle construction gagnée sur la mer augmente les taux d’occupation des petits fonds et du linéaire côtier. L’objectif de MEDAM est d’évaluer le cumul des atteintes portées à ces petits fonds marins, largement sous-estimés et pourtant irréversibles selon les chercheurs, afin de limiter à l’avenir la destruction des habitats marins par l’artificialisation des côtes.

Limiter les impacts écologiques et paysagers

Alors que l’évaluation de l’aménagement du littoral est le plus souvent considérée selon l’intégration paysagère des ouvrages et leur potentielle retombée économique, MEDAM incite à reconsidérer les projets et alerte sur les impacts, évidemment néfastes, induits sur les écosystèmes littoraux. L’ECOMERS effectue la cartographie des biocénoses sous-marines de la zone infralittorale en plongée sous-marine et intègre les données ainsi obtenues dans le cadre d’un SIG (Système d’Informations Géographiques). Ainsi, MEDAM compare l’emprise des ouvrages gagnés sur la mer aux surfaces et linéaires initiaux.

Les photographies, vue de terre ou de mer, et les cartographies permettent également de mettre en évidence l’impact paysager du littoral artificialisé : amoncellement de bloc rocheux, digues verticales en béton, tétrapodes en béton (structure luttant contre la houle et les vagues)…

Le Cap d'Agde en 1950

Le Cap d’Agde en 1950

Le port du Cap d'Agde aujourd'hui

Le port du Cap d’Agde aujourd’hui

Sur les 2 057 km du linéaire des côtes françaises de la Méditerranée et ses 1 688 km² de petits fonds les plus riches en biodiversité, 979 ouvrages d’une surface supérieures à 100 m² ont été construits (dont par exemple, 166 ports, 106 ports abris, 139 terre-pleins, 51 appontements, et 36 endigages d’embouchures de cours d’eau).

 Une vaste base de données accessible à tous

Ces évaluations sont consultables sur internet. Données chiffrées, photos et cartographies, mais également graphiques exposant l’évolution des surfaces gagnées, des aménagements, du linéaire de côtes artificialisées et d’enrochements, du taux d’artificialisation de la côte, et enfin du taux d’occupation entre 0 et -10m et -10 et – 20m. Clairement agencé, le site présente ces différents résultats selon deux types de découpage : un découpage administratif (prenant en compte soit le pays (France ou Monaco), la région, le département ou la commune) et un découpage par « Masse d’eau » (une notion introduite par la Directive Européenne Cadre « Eau » établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau et fixant pour objectif d’atteindre un bon état des milieux aquatiques à l’horizon 2015).

Le 29 novembre dernier, le site s’est d’ailleurs classé 3ème de la catégorie « développement durable » au concours Géoportail de l’IGN (Institut National de l’Information Géographique et forestière), ex aequo avec l’application du Muséum national d’Histoire Naturelle. Ce concours proposé dans le cadre de la « journée des expertises innovantes » est destiné à valoriser les solutions développées par les utilisateurs de l’information géographique. Une récompense méritée pour l’équipe du Medam et sa publication électronique.

Source : Meinesz A., Blanfuné A., Javel F., Longepierre S., Markovic L., Vaugelas J. de, Garcia D., 2012 MEDAM.org : inventaire et impact des aménagements gagnés sur le domaine marin – côtes méditerranéennes françaises. Laboratoire Ecomers, Université Nice Sophia Antipolis. Publication éléctronique : www.medam.org

 

En savoir plus : 

 

***