L’Hôtel de la Marine aux mains du CMN

Hôtel-de-la-MarineHôtel de la Marine (suite) : le monument qu’une décision du gouvernement va attribuer au Centre des monuments nationaux (CMN) devrait être ouvert au public dès 2015. Aperçu de ce prestigieux bâtiment.

Le sort définitif de l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris, qui avait fait l’objet de nombreuses controverses et inquiétudes ces dernières années a été définitivement scellé par la décision du gouvernement de le confier au Centre des monuments nationaux (CMN) – et non au Louvre comme annoncé en 2012-, organisme en charge d’une centaine des plus prestigieux sites du patrimoine français comme le Mont-Saint-Michel, l’Arc de Triomphe ou la cité de Carcassonne par exemple.

Il n’a pas fallu moins d’une mobilisation importante, d’une pétition de plusieurs milliers de signatures et du soutien de citoyens dont certaines personnalités – académiciens, historiens, conservateurs, architectes, artistes -, pour s’opposer à des projets faisant notamment craindre une vente au privé.

C’est la valeur artistique et historique de ce joyau de notre patrimoine, classé monument historique dès 1862, qui a logiquement emporté la décision, et qui va également retenir ici notre attention.

L’hôtel de Marine, legs du règne de Louis XV, « moment de perfection de l’art français »

L’Hôtel de la Marine, édifice de style néo-classique avec son monumental péristyle constitue une des deux colonnades monumentales de la place de la Concorde, à Paris, chacune inspirée de celle de la façade orientale du Louvre par Perrault.

La construction de l’hôtel de la Marine se fit entre 1757 et 1774, selon les plans d’Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du roi Louis XV. Sa réalisation s’inscrivait dans le cadre d’une vaste opération d’aménagement du site de la Fondrière, aujourd’hui place de la Concorde, dont la statue de Louis XV était l’élément central.

Hotel de la Marine - intérieurA l’origine, l’Hôtel de la Marine était utilisé comme « garde-meuble » royal. Ouvert au public, il abritait le mobilier, les tapisseries, les luminaires et les objets décoratifs les plus précieux des demeures royales, soigneusement entretenus et restaurés. Plus qu’un « garde-meuble » au sens actuel du terme, l’Hôtel de la Marine s’apparentait à un musée. Une partie des biens de la Couronne y sera d’ailleurs dérobée en 1792. L’installation du ministre de la marine dans l’édifice remonte à 1789. Depuis cette date, les plus hautes autorités de la marine ont pris l’habitude d’y résider.

Un legs architectural et artistique unique

En mai 2010, une étude de 200 pages commandée à Etienne Poncelet, architecte en chef des monuments historiques, par le ministère de la Défense -propriétaire des lieux- a définitivement confirmé la valeur patrimoniale de l’ensemble du bâtiment aux 500 pièces, et non pas du seul étage noble et de son enfilade de salons restaurés pour 6,2 millions d’euros en 2009.

Les sondages effectués ont montré que les décors anciens sont toujours en place, sous les aménagements et cloisonnements des bureaux des marins. « Cet ensemble est authentique aussi bien dans ses matériaux que dans sa structure, grâce à une exceptionnelle continuité administrative de l’occupation des lieux », précise l’architecte. Ajoutant : « Avec sa collection de 700 objets mobiliers, l’Hôtel de la Marine est un rare conservatoire des matériaux anciens et de l’évolution des techniques architecturales du second œuvre et des arts décoratifs. »

Et maintenant, quelle destination pour le site ?

Alors que le haut commandement de la marine devrait quitter les lieux d’ici 2015 pour rejoindre le nouveau site de la Défense nationale et s’installer Porte de Sèvres, dans le 15ème arrondissement – le projet Balard –, la destinée de l’hôtel de la marine est remise en question.

Le gouvernement a d’ores et déjà demandé à  Philippe Bélaval, président du CMN, de lui faire des propositions. Un circuit de visites, couvrant les salons du premier étage, les galeries en balcons sur la place de la Concorde, comme l’appartement de Thierry de Ville d’Avray – intendant de ce qui fut le garde meuble royal de 1784 à 1792 –, et le boudoir de Marie Antoinette, serait ouvert au public, dès le départ des militaires au printemps-été 2015.

La Cour des comptes, comme cela était déjà prévu, devrait, elle, récupérer certains bureaux actuellement affectés au ministère de la Défense, une autre partie devant être louée.

Une ouverture au public maintenant très attendue par les amoureux de l’art, notamment par ceux qui ont eu le privilège de visiter en privé ce monument…

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