La maison du Contrôleur de la machine de Marly

Dans un édito datant de 2016, notre président M. de la Bretesche écrivait : « L’ensemble de Marly commence à se faire grignoter par des projets autour de la maison dite du contrôleur de la Machine. En mai 2015, par voie d’un PLU simplifié, la Mairie de Bougival a déclassé le terrain boisé derrière l’édifice afin de construire un projet domiciliaire avant sa mise en vente. Un an après, en mai 2016, le conseil municipal de Louveciennes déclasse un terrain situé au pied de l’Aqueduc. » Nous disions alors notre inquiétude pour l’avenir de cet ensemble qu’est la Machine de Marly.

Aujourd’hui, une solution a été trouvée grâce à la Compagnie Immobilière de Restauration (CIR), qui est un groupe spécialisé dans la restauration du patrimoine ancien depuis 30 ans. Elle réalise un total de vente annuel de 190 Millions d’Euros, avec 105 collaborateurs et 75 chantiers menés simultanément sur tout le territoire, 70 architectes et 980 artisans fédérés, pour produire 900 appartements rénovés par an. Le groupe CIR  s’est donc intéressé à l’acquisition des bâtiments annexes de la Machine de Marly, situés sur la commune de Bougival, préservant ainsi cet ensemble patrimonial du délitement auquel il semblait être promis.

La Machine de Marly, quelle histoire ?

Pour les caractéristiques historiques du site : la Machine de Marly est une installation et une prouesse technique commandée par Louis XIV, pour alimenter les fontaines du Palais de Versailles et du château de Marly, par pompage et relevage des eaux de la Seine.

La prouesse technique est relevée par le maître charpentier et mécanicien liégeois Rennequin Sualem, appelé en renfort par Arnaud de Ville, qui construit la machine avec son frère Paulus entre 1681 et 1682. Cette première machine, composée de 14 roues monumentales, construite à 90 % en bois, fonctionna pendant 133 ans. Elle fit la fierté du Royaume de France.

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La Machine de Marly par Pierre-Denis Martin, 1723

L’installation étant fragile et nécessitant beaucoup d’entretien, elle est remplacée en 1817, puis en 1827 par une pompe à vapeur sous le règne de Charles X. En 1859, Napoléon III fait remplacer la machine inefficace par une installation moderne dans une construction complétement neuve, implantée sur la Seine, enfin, en 1968, la bâtiment Napoléon III est démoli et des électro-pompes les remplacent définitivement ; ces pompes fournissent encore aujourd’hui, l’eau de Versailles et de 22 communes avoisinantes.

Avec la construction de la Machine du XVIIe siècle, c’est tout une administration et une logistique qui s’installe à Bougival, à proximité immédiate de celle-ci. La Machine est dirigée administrativement par un Contrôleur, nommé par le roi qui travaille et qui habite sur place. Les premiers contrôleurs seront : Arnaud de Ville, de 1680 à 1685, puis Joachim Cochu jusqu’en 1706. Le contrôleur dirige un inspecteur, un maître des Forges, un maitre charpentier et une soixantaine d’ouvriers dédiés à l’entretien de la Machine.

Enfin, on ne peut évoquer La Machine de Marly sans parler du « temps des impressionnistes »,  période pendant laquelle Bougival défie la chronique locale, nationale et internationale, avec le travail des peintres de renommés tel que Claude Monnet, Camille Pissaro, Pierre Auguste Renoir, Berthe Morisot, Alfred Sisley et bien d’autres, inscrivant ici un grand pan de l’histoire des impressionnistes.

Le rachat des bâtiments par la CIR

Les bâtiments qui nous intéressent font partie de cet ensemble de dépendances construits dès la fin du XVIIe siècle pour administrer et entretenir la Machine de Marly, et assurer le logement des maitres, contrôleurs et ouvriers.
Cette opération, emblématique par son positionnement stratégique,  par les surfaces déployées, nous a amené à envisager une orientation de réhabilitation de qualité pour des logements haut de gamme. Ce programme aura pour vocation de proposer des logements locatifs à usage de résidence principale.

Vue actuelle de la Machine de Marly

Vue actuelle de la Machine de Marly

La CIR s’est attachée à apporter un soin particulier au projet de conception et de restauration de ces édifices, conformément à notre charte de développement durable et à la démarche de certification ISO 9001 dans laquelle nous nous sommes engagés.

Composer avec les différents besoins propres à ce programme du futur équipement, tout en préservant la lecture de l’usage original est pour nous une attitude familière, et un exercice auquel nous nous prêtons avec le plus grand intérêt. Tisser des passages entre hier et demain est en effet une des clefs de notre démarche.
La restauration du patrimoine doit être le reflet de notre culture dans toutes ses composantes. L’économie globale du projet, la justesse du propos, le questionnement sur le programme et son impact dans l’environnement n’auront de cesse de nous interroger sur l’économie de moyens à mettre en œuvre pour apporter la réponse la plus juste. Ainsi, l’éco-gestion s’ajoute pour nous à l’éco-construction et au confort d’usage

Aussi, le projet comporte en premier lieu, la remise en valeur des volumes extérieurs des bâtiments, par une restauration des façades et toitures de cet ensemble inscrit au titre des monuments historiques. A l’intérieur des volumes conservés, les travaux permettront le réaménagement de 28 logements dans les volumes et les surfaces de planchers des bâtiments restaurés.

Ce projet de restauration s’accompagne de l’aménagement d’un parking de stationnement de véhicules résidentiels à l’arrière des bâtiments, accessible depuis le quai. Les travaux ont débuté au premier trimestre 2018, et se dérouleront sur deux années.

 

Serge Humbert, directeur de projets à la CIR