Déviation routière de Beynac : clap de fin du Conseil d’Etat

La décision du Conseil d’Etat du 29 juin 2020 met fin à une volonté politique vieille de 30 ans ayant pour but la construction d’un contournement de la ville de Beynac en Dordogne.

Commune de Beynac (Dordogne) © Eneko Bidegain

Ce projet porté par Fernand Peiro et repris par son fils, l’actuel président du Conseil départemental, Germinal Peiro, a été combattu par plusieurs associations de défense de l’environnement dont Patrimoine-Environnement. Le pourvoi du département a été jugé irrecevable, scellant la victoire des défenseurs de l’environnement et du patrimoine qui s’étaient mobilisés contre un projet accusé de dénaturer la vallée de la Dordogne et des sites protégés.

Accordé par autorisation unique délivrée par la préfète le 29 janvier 2018, ce projet de déviation, d’un coût exorbitant de 32 millions d’euros, nécessitait une route de plus de 3 kilomètres, deux ponts sur la Dordogne, un pont-rail sous la voie ferrée mais aussi des passerelles pour les piétons dans un cadre environnemental d’exception.

Afin de protéger la vallée de la Dordogne, classée réserve de biosphère par l’UNESCO (il en existe seulement 14 en France) et Natura 2000, de nombreuses voix se sont élevées en opposition à ce projet.

Le tribunal administratif de Bordeaux a débouté les associations requérantes de leur demande de suspension des travaux. C’est donc après avoir essuyé un nouveau refus de la part de la cour administrative d’appel de Bordeaux, que le Conseil d’Etat, saisi le 28 décembre 2018, a ordonné la suspension du chantier de la déviation au motif que « le projet de route de contournement du bourg de Beynac ne répondait pas à une raison impérative d’intérêt public majeur », marquant une grande victoire pour les nombreux opposants de ces travaux. Face à cette décision, et loin de vouloir abandonner le projet, trois recours sont déposés par le Département de Dordogne, aspirant à une reprise des travaux. A cet effet, l’affaire est une nouvelle fois portée devant la juridiction suprême de l’ordre administratif qui, le 29 juin 2020, tranche contre le projet de déviation de Beynac au motif que « le projet de contournement routier du bourg de Beynac ne répond pas à des raisons impératives d’intérêt publique majeur » ajoutant que « le projet ne peut pas faire l’objet d’une déclaration d’intérêt général » et « ordonne la réalisation de l’ensemble des opérations de démolition des éléments construits et la remise en état des lieux dans un délais global de douze mois ». Par conséquent, « censure l’autorisation unique délivrée le 29 janvier 2018 ».

Cette consécration met un point à ces années de conflits et marque un nouveau commencement en faveur de l’environnement et de la biodiversité.

Malgré le fait que le chantier soit désormais voué à la démolition des fondations déjà construites et à la remise en état des lieux du site, les partisans ainsi que Germinal Peiro se disent prêts à continuer le bras de fer pour que le contournement voit le jour : « vous allez voir que c’est pas encore terminé et que ça sera peut-être le début d’une nouvelle histoire de Beynac ». C’est d’ailleurs lors d’une manifestation, lancée par le président du Conseil départemental de Dordogne en juillet 2020, que ce dernier a informé ses 300 sympathisants que le Département allait jouer la « lenteur administrative » concernant la démolition de ces ouvrages.

Affaire à suivre…

Méline Dumoulard,
Stagiaire à Patrimoine-Environnement

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