Du précieux rôle du ministère chargé des sites : le cas de Collonges la Rouge (Corrèze)

Canollonges-la-Rouge (Corrèze), Daniel Jolivet

Collonges la Rouge (Corrèze) est un village de 500 habitants (dont seulement 10% vivent réellement dans le bourg) en site classé, protection de niveau national qui permet une protection des monuments naturels et des paysages qui ont un caractère remarquable (1) .

Ainsi, les travaux susceptibles de modifier l’aspect des sites classés (démolitions, travaux soumis à permis de construire, abattage d’arbres, ouvrages d’infrastructures des voies de communication…) nécessitent une autorisation spéciale du ministre de la Transition écologique et solidaire.
Or dans le cadre de sa politique de simplification des démarches administratives et de réduction des délais de décision, le gouvernement a proposé un projet de décret le 23 décembre 2018 qui vise à déconcentrer les autorisations de travaux réalisés en site classé notamment le transfert aux préfets des autorisations qui demeurent aujourd’hui délivrées par le ministre chargé des sites.

Collonges-la-Rouge (Corrèze). Daniel Jolivet

Le public a été consulté du 31 mai au 20 juin 2019 (soit moins d’un mois) pour donner son avis sur ce projet de décret. 2 306 commentaires ont été laisséss’y opposant majoritairement. Aucun rapport de cette consultation n’est disponible en ligne. Depuis le projet n’a pas été écarté pour autant. Il est « en attente ».

L’exemple récent du projet d’office du tourisme à Collonges-la-Rouge rappelle le rôle essentiel du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, garant de la politique nationale de protection de ces sites remarquables.

En effet, un projet d’office du tourisme de la Vallée de la Dordogne corrézienne était prévue à l’entrée du village, en lieu et place du café de la gare de Collonges-la-Rouge porté par le Pôle d’Equilibre territorial et Rural (PETR) « de la Vallée de la Dordogne » afin d’inciter les visiteurs à se rendre dans les nombreux hauts lieux touristiques de la région.

Des avis favorables de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites de Corrèze (2) et de l’ABF avaient été rendus en septembre 2020 malgré le fait que la construction de l’office du tourisme implique la démolition de trois bâtiments : l’ancien café de la gare, un garage et une grange en maçonnerie traditionnelle en grès rouge local avec toiture ardoise du pays.

C’est seulement par décision de la ministre de la transition écologique et solidaire, qu’un arrêté préfectoral du 28 décembre 2020 a refusé le permis de construire/ démolir « considérant que la démolition de la grange, associant pierre de taille de grès rouge et une couverture en ardoise de pays, constitutive d’une partie de l’identité du village de Collonges-la-Rouge, porterait atteinte au site classé »

Patrimoine-Environnement avait été alerté par le comité de défense du café de la gare, début octobre, qui souhaitait préserver le café ou du moins sa devanture, présent depuis le début du XXe siècle. Véritable lieu de mémoire de la vie du village, il a su survivre au train et est resté en activité jusque dans les années 60. Le permis étant refusé, on se réjouit que ce café, témoin de passé du village et de ses habitants reste en place!

(1) Il existe actuellement que 2.700 sites classés en France, ce qui représente 2% de la surface du territoire
(2) Deux voix contre, un avis favorable à la démolition de l’ensemble des bâtiments, sous réserve d’intégrer des prescriptions portant sur les aménagements des abords (choix des végétaux).