La Fusion entre la Fédération Patrimoine-Environnement et la Ligue Urbaine et Rurale est effective

Edito du 13 septembre 2013

Chacun a pu le lire dans la presse estivale : « le gouvernement n’a pas pris de vacances », ainsi le premier ministre Jean Marc Ayrault a-t-il signé le 16 août dernier un décret homologuant le traité de fusion entre l’ancienne « Fédération Nationale des Associations de Sauvegarde des Sites et Ensembles Monumentaux » et la « Ligue urbaine et rurale pour l’aménagement de la vie française ».

En clair le premier ministre, après avis du conseil d’Etat, comme il se doit s’agissant de fédérations reconnues d’utilité publique, prononce la dissolution de la Fnassem qui usait déjà depuis plusieurs années du nom de « fédération Patrimoine-Environnement », autorise le rattachement des bénévoles, du personnel et des actifs de la fédération dissoute à la Ligue urbaine et rurale et constate que la nouvelle structure change de nom pour s’appeler désormais « Patrimoine-Environnement (LUR-FNASSEM) ».

Ainsi après de longs mois de procédure administrative, une page va se tourner le 15 octobre prochain : ce jour-là le président Christian Pattyn dernier successeur direct de Paul Claudel présidera son dernier conseil d’Administration et concrétisera cette fusion qu’il a ardemment voulue par la cooptation d’un nouveau conseil, issu des deux structures et fera procéder à l’élection d’un nouveau bureau et de celui qui le remplacera au fauteuil. Il prendra ensuite le recul du temps auquel il aspirait à juste titre.

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La nouvelle entité n’aura garde d’oublier sa double histoire : 1/ l’apport irremplaçable de Jean Giraudoux, Raoul Dautry, Paul Claudel à l’introduction de la « pensée littéraire » dans ce que l’on a commencé à appeler l’urbanisme après la guerre ; 2/ le rôle direct du Conseiller d’Etat, et premier Haut-Commissaire au tourisme Henry de Segogne dans la création des secteurs sauvegardés. Dans les deux cas on fera perdurer le mariage harmonieux de la société civile et des hommes de gouvernement ou des hauts fonctionnaires qui a caractérisé les deux associations.

Elle s’efforcera d’être fidèle à sa nouvelle dénomination « Patrimoine-Environnement ». Nous avons voulu que ces deux mots ne soient pas « siglable » comme on dit aujourd’hui. Nous voulons marquer que le Patrimoine issu du passé et de la culture des habitants d’une ville, d’un « pays », d’une région ou d’un territoire est indissociable de l’Environnement à travers le paysage. Le mariage de ces deux concepts est sans doute ce qui nous différencie des grandes structures qui aspirent légitimement à porter l’environnement d’aujourd’hui, mais qui n’ont pas intégré la connaissance de la culture sans laquelle un individu, sa famille et sa communauté ne se sentent pas à l’aise dans leur territoire qui est celui de leurs ancêtres.

Nous serons donc tout naturellement les interlocuteurs de deux séries de ministères : ceux qui gèrent aujourd’hui écologie, et urbanisme et ceux qui tendent à porter la culture, le patrimoine et sa transmission.

La réunion originale d’individus qui formaient les cohortes de la LUR et d’associations locales qui constituaient la FNASSEM caractérisera encore notre nouvelle famille.
Fortement intégrés dans le groupe des associations reconnues d’utilité publique qu’il est convenu de nommer « le G8 Patrimoine », nous ne voulons pas oublier que nous sommes une partie du monde associatif français, membre de la Coordination des fédérations d’associations de la Culture et de la communication (Cofac), elle-même acteur de la Conférence permanente des coordinations Associatives (CPCA) qui regroupe l’essentiel du monde associatif. La nécessité d’animer et de fédérer un monde associatif bien positionné en face des collectivités décentralisées de toute sorte qui exercent aujourd’hui une grande partie du pouvoir environnemental et qui portent par leurs subventions beaucoup de projets patrimoniaux est l’une de nos priorité.

Nous continuerons bien sûr d’être à votre service en pratiquant le droit : nous continuerons à bénéficier de l’Agrément réservé aux associations de défense de l’environnement d’importance nationale. Nous serons donc à vos côtés, devant les tribunaux lorsque cela sera nécessaire et nous vous apporterons notre concours préalable pour privilégier la prévention.

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« Quand l’homme essaye d’imaginer le Paradis sur terre, ça fait tout de suite un Enfer très convenable » écrivait Paul Claudel dans Conservations dans le Loir et Cher en 1935. C’est exactement ce que Patrimoine-Environnement voudra éviter en luttant contre une pensée architecturale unique qui ne serait pas ancrée dans l’histoire.

Mais cela ne nous empêchera pas de continuer à œuvrer pour construire le paysage de demain en permettant à chacun d’être acteur de sa propre culture et de son propre environnement.

Alain de la Bretesche
Administrateur de Patrimoine-Environnement
Président de la COFAC (Coordination des Fédérations des Associations de Culture et de Communication)
Administrateur de la Conférence CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’Europa Nostra