La Butte Rouge … un combat d’arrière-garde ? … toujours d’actualité ?

Qu’il est difficile de peser sur un appareil administratif aux dispositions contradictoires, contradictions sur lesquelles élus aguerris et promoteurs habiles surfent allègrement !

La rénovation plus que jamais engagée de la cité-jardin de la Butte Rouge en est un exemple flagrant.

À l’origine un concept avant-gardiste de cité-jardin à la française, désormais internationalement reconnu au regard de l’histoire de l’urbanisme et de la qualité architecturale, accessible aux plus démunis offrant un cadre de vie exceptionnel et respectueux de l’environnement, mais un défaut d’entretien qui conduit aujourd’hui à juger cette cité majoritairement insalubre.

Dans ce sillage, une mise à l’honneur par le ministère de la Culture attribuant à la totalité de la cité le label « architecture contemporaine remarquable », mais prononçant plus tard un périmètre de site patrimonial remarquable au rabais n’en retenant que le squelette fortement amputé (protection d’une centaine de bâtiments sur les 216 constituant la cité).

Parallèlement, la promotion d’un développement durable du territoire et la préoccupation du changement climatique qui préconisent une intervention à l’économie tournée en principe vers la réhabilitation plutôt que la démolition/reconstruction, mais conjointement une impulsion étatique, notamment via le dispositif « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN), en faveur du renouvellement de la ville sur elle-même et la densification des quartiers anciens, et l’intervention subséquente de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine pour favoriser précisément leur démolition/reconstruction.

Aujourd’hui, une enquête publique aux fins d’accorder une autorisation environnementale (?!) préalablement nécessaire à la réalisation d’une opération dans laquelle la municipalité de Châtenay-Malabry persiste et signe, qui conduit à la démolition d’une quarantaine d’immeubles comportant la destruction de nombres de logements sociaux, sous couvert de mixité urbaine.

L’actualité :

Cette enquête publique vient de se terminer le 16 mai dernier et a obtenu une sensible répartition entre avis favorables (pour améliorer l’habitabilité face à l’état de vétusté actuel) et défavorables (les défenseurs du patrimoine – mais aussi du logement social de qualité – desquels nous faisons partie).

Parallèlement, le recours auquel nous nous sommes joints avec les associations locales et d’autres associations nationales auprès du Conseil d’État a été renvoyé par ce dernier sur le tribunal administratif de Cergy-Pontoise et est encore en attente de jugement…

Que nous réserve donc l’avenir de cette affaire qui recouvre à la fois un véritable marché de dupes et l’impuissance du dispositif actuel de protection du patrimoine urbain à préserver efficacement celui-ci ?

Affaire à suivre…

Dominique Masson,
Secrétaire général