European Heritage Volunteers, le réseau européen des chantiers bénévoles

Sans doute connaissez-vous déjà l’Union Rempart qui organise de multiples chantiers bénévoles à travers toute la France et à l’étranger. Mais il existe d’autres organismes en Europe et dans le monde qui militent pour la sauvegarde du patrimoine et la transmission des savoirs et de la passion à travers l’organisation de chantiers bénévoles. C’est notamment le cas d’European Heritage Volunteers.

LOGO_EHV_250European Heritage Volunteers est un jeune réseau de bénévoles qui existe depuis 3 ans et qui a l’avantage d’être majoritairement tourné vers l’Europe du fait des nombreux projets issus du programme Wolrd Heritage Volunteers de l’Unesco et du CCSVI (comité de coordination du service volontaire international).
Il faut d’ailleurs comprendre l’Europe au sens géographique du terme et non au sens politique (UE). C’est pour cela que certains chantiers ont lieu à l’ouest de la Russie par exemple !
C’est une notion très importante pour l’organisme. D’ailleurs sur le logo, il n’y a pas de frontières…
Son objectif est de favoriser une meilleure compréhension du patrimoine pour les bénévoles à l’aide de projets pratiques et d’activités éducatives.

European Heritage Volunteers est convaincu que le bénévolat est indispensable pour le patrimoine, et en particulier dans les zones rurales et les zones les plus fragiles, où l’engagement concret de la population locale est probablement la seule possibilité de préserver durablement le patrimoine.

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Carte des projets European Heritage Volunteers

eliseElise Doumergue, bénévole au sein de Patrimoine-Environnement, qui a notamment participé à la communication de l’édition 2018 des Journées de Patrimoine de Pays et des Moulins, a eu la chance de participer à trois de leurs chantiers durant cet été.

Elle nous raconte son expérience.


Les chantiers

A quels chantiers as-tu participé et combien de temps as-tu passé sur chaque ?

Cet été, j’ai pris part à trois chantiers internationaux en Allemagne. Le premier s’est déroulé au château de Lohra, le deuxième à Rathewalde près de la frontière avec la République Tchèque, et le dernier à Albersdorf, au sein du musée en plein air sur l’âge de pierre de Dithmarschen.
J’ai passé deux semaines dans chacun d’eux.

Avoir participé à ces chantiers est un choix personnel. Pourquoi ce choix ? Et pourquoi l’étranger t’a-t-il attiré ?

J’ai toujours été intéressée par la sauvegarde du patrimoine et j’avais déjà repéré l’existence de ce type de volontariat mais j’étais souvent trop jeune pour y participer. Entre la première et la deuxième année de mes études à Sciences Po, il m’a été demandé de réaliser un stage civique de terrain. Je me suis dit que cela pouvait être une bonne occasion pour enfin me lancer dans ce projet.

J’ai choisi de réaliser des chantiers en Allemagne afin de découvrir un peu plus la campagne allemande que je ne connaissais pas du tout, mais également pour pouvoir rencontrer des jeunes du monde entier et m’améliorer par ce biais en anglais.

Qui sont les bénévoles ? Quelle est la tranche d’âge ? Quelles nationalités as-tu côtoyé ?

Il n’y a pas vraiment de bénévole-type, quiconque souhaitant s’investir peut en principe participer, même s’il est vrai que beaucoup des volontaires font des études d’architecture, d’archéologie ou de préservation du patrimoine.

J’ai pu rencontrer des personnalités de 18 à 33 ans issues des quatre coins du monde : Mexique, Corée du Sud, Égypte, Bulgarie, Espagne, Russie, Liban, Italie, pour ne citer que quelques pays.

Quelles sont les différentes tâches que tu as été amenée à réaliser au cours de tes différents chantiers ?

Au cours du premier volontariat, nous avons construit un support en bois pour soutenir une arche en pierre du XIIe siècle en train de s’écrouler. A Rathewalde, nous avons réhabilité l’étanchéité du toit d’une grande demeure. Enfin, lors du dernier volontariat, nous avons construit dans le musée à ciel ouvert un passage en bois comparable à ce qui a pu exister à la période Néolithique.

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Le support en bois presque achevé

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Le passage réalisé dans le musée de plein air

Comment s’organise une journée type sur un chantier ? Comment est l’ambiance sur le chantier  (avec les autres bénévoles, les responsables) ?

Pour faciliter la vie en communauté avec un si grand nombre de personnes (autour de 15), la journée s’organise suivant un emploi du temps assez strict :
Nous travaillons à partir de 9h jusqu’à 13h, avec une petite pause-café en milieu de matinée, puis de 14h à 17h. Suite à cela, les volontaires organisent leur temps libre comme ils le souhaitent, le dîner ayant généralement lieu entre 20h et 21h.
Chaque jour, un des volontaires ne travaille pas mais s’occupe du nettoyage des lieux de vie et de la préparation des repas, ce qui permet de découvrir des recettes typiques de la nationalité de chacun.

L’ambiance sur le chantier est généralement très conviviale, tant avec les autres volontaires qu’avec les responsables – d’autres jeunes ayant déjà participé à des chantiers. Séances de yoga improvisées par un bénévole, parties de volleyball, ou encore barbecues étaient par exemple au rendez-vous.

Qu’est ce qui est pris en charge par European Heritage Volunteers et que reste-t-il à ta charge ?

European Heritage Volunteers demande une cotisation d’environ 5€ par jour (70€ pour un chantier de deux semaines) pour couvrir les frais liés à la nourriture et à l’hébergement. Il reste à la charge du volontaire les frais de transport de son domicile jusqu’au chantier, ainsi que les dépenses personnelles qu’il peut être amené à effectuer.

L’après-chantier

Qu’estimes-tu avoir appris durant les différents chantiers ? Que t-ont-ils apportés ?

D’un point de vue purement pratique, les chantiers ont été l’occasion d’apprendre à manier différents outils en tout genre, de la scie circulaire au chalumeau en passant par la plane ou encore le silex. Ils m’ont surtout permis de faire des rencontres incroyables avec des gens du monde entier et d’en apprendre plus sur les différentes cultures et habitudes de chaque pays. Enfin, j’ai pu assister à des événements complètement incongrus, comme une semaine de l’Age de Pierre par exemple, pendant laquelle se sont réunis 80 chercheurs et passionnés de diverses nationalités pour recréer l’espace d’un instant un monde néolithique sans internet ni portable, entre peaux de bête et ateliers collectifs de poterie.

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L’espace de travail pour traiter le bois avant de l’installer

Recommanderais-tu cet organisme à d’autres bénévoles ? Penses-tu y retourner ?

Je recommanderais sans aucune hésitation cet organisme à d’autres jeunes souhaitant se lancer dans un tel projet.

Je serais très intéressée pour prendre part à un nouveau chantier l’été prochain pour la préservation du patrimoine, mais en dehors de l’Europe cette fois-ci !

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La demeure (a droite) dont les bénévoles ont refait l’étanchéité du toit