ÉDITO – Nos vœux pour 2024 : un ministère « durable » pour un patrimoine « durable » !

Salon des Maréchaux, ministère de la Culture
© Patrimoine-Environnement

Avec la nomination de Rachida Dati, le 11 janvier dernier, les défenseurs « militants » du patrimoine historique dont nous faisons partie depuis quelque 60 ans [1] connaissent donc leur 13ème ministre de la culture depuis l’an 2000, soit en moyenne un ministre tous les 2 ans.

S’il est vrai que quinquennat et alternance ont raccourci le temps politique, le contraste est patent avec la longévité, certes exceptionnelle, de deux illustres ministres du siècle précédent : André Malraux qui occupa cette prestigieuse fonction, sans interruption, pendant plus de 10 ans, ou Jack Lang qui l’occupa plus de 9 ans, en s’y prenant à 2 fois !

Il ne nous appartient pas d’émettre des commentaires, et encore moins des préférences, sur le choix de telle ou telle personnalité mais nous avons le droit de rêver d’un ministère « durable ».

Un ministère qui s’inscrive dans le temps long qui sied au patrimoine. La préservation et l’embellissement du patrimoine requièrent autant un effort conséquent qu’un effort constant.

Un ministère qui inspirera tous ceux qui servent la « cause » du patrimoine : les ministères qui réglementent ou qui financent, les opérateurs publics et la Fondation du Patrimoine, les grandes associations et bien sûr, les collectivités territoriales qui sont les premiers acteurs du patrimoine.

Un ministère qui soit acteur de la transition écologique du patrimoine et qui saura obtenir que le DPE [2] soit adapté au bâti ancien, et non l’inverse. Sans avoir à revendiquer la double « couronne » : culture et environnement, qui fut posée, pendant un an, sur la tête de Michel d’Ornano [3] !

Un ministère qui léguera à nos successeurs une protection constitutionnelle du patrimoine, à l’instar de l’Italie, et qui se souciera de son financement durable, en pérennisant par exemple le financement du patrimoine par le loto !  

« Ne songer qu’à soi et au présent, source d’erreur dans la politique », déplorait La Bruyère avec son réalisme désabusé habituel » (Caractères, Des Jugements, 87).

Songeons donc à tous ceux qui nous ont précédés et à tous ceux qui nous suivront. Rien de mieux pour inspirer le présent !

Christophe Blanchard-Dignac
Président de la Fédération Patrimoine-Environnement


[1] Henri de Ségogne, rédacteur de la loi sur les secteurs sauvegardés, fut le premier président de la FNASSEM dont la fusion avec la LUR donna naissance à Patrimoine-Environnement en 2013.

[2] Diagnostic de performance énergétique

[3] De mars 1977 à mars 1978. Alain Peyrefitte en 1974 avait occupé cette double fonction pendant 3 mois.