Dévitalisation des centres-villes : où en sommes-nous ?

Tout part d’un constat fait par beaucoup d’habitants de centre-ville : la disparition des petits commerces au profit d’enseignes nationales et internationales, comme le présente cet article de Libération du 18 juillet.

Ce qui pourrait n’être qu’une question de commerces touche en fait à beaucoup plus de domaines : l’urbanisme, le logement, l’aménagement du territoire… Ce sont des problématiques actuelles que la recherche patrimoniale doit intégrer et traiter, et sur lesquelles nous vous proposons un tour d’horizon.

  1. L’uniformisation des centres-villes

rue commerçante

Deux causes principales à ce phénomène : l’arrivée massive d’enseignes et de franchises, et la hausse des loyers en centre-ville.

Les commerçants ne peuvent donc plus s’installer en centre-ville, la faute aux loyers exorbitants et à la trop grande concurrence.

Tandis que certains déplorent l’installation de ces enseignes aux dépens des commerçants de quartiers, certaines mairies semblent y trouver leur compte. Pourtant, l’installation de ces enseignes cause une certaine uniformisation des centres-villes. A terme, c’est la disparition du patrimoine local que nous risquons.

   2. La question de l’accessibilité des centres-villes

Mais ces centres-villes sont aussi touchés par d’autres problèmes, parmi lesquelles l’accessibilité au centre. Celle-ci devient problématique, avec notamment de moins en moins de parkings et de plus en plus de rues piétonnes. Si ces mesures sont prises à bon escient, notamment pour libérer le centre-ville de ses voitures, il n’en reste pas moins que les commerces n’ont plus le trafic qu’il y avait avant, et donc n’attirent plus autant.

   3. La dévitalisation des centres-villes.

désert centre villeBaisse de fréquentation et loyers exorbitants conduisent donc à notre troisième problème : la dévitalisation des centres-villes. Les populations se déplacent vers les périphéries et banlieues, suivies par les grandes enseignes et/ou les centres commerciaux. Tout se déplace vers les périphéries, qui sont de fait plus accessibles à la population. La boucle est bouclée.

Mais alors, comment faire pour revitaliser les centres villes ? Le maire de Sceaux souligne dans l’article de Libération ci-dessus que « revitaliser un centre-ville demande des efforts considérables« …

 

Partant de ce constat, quelles solutions s’offrent aux villes ?
  • Des solutions privées et associatives

Dans un atelier sur l’urbanisme organisé à Bordeaux en 2015, nous avions fait intervenir des structures de type « managers de ville » sur la question de la reconquête des centres historiques.

Le manager de ville fait le lien entre les pouvoirs publics et les commerçants, avec à la clé la revitalisation du centre-ville historique. Il s’agit donc d’une nouvelle réponse de structures privées au problème de la gestion des centres villes.

Quelques clés pour comprendre le rôle de ces professionnels, « l’objectif général de ce type de dispositif [étant] de faire que l’ensemble des acteurs et partenaires locaux donnent aux consommateurs des raisons objectives de rester et revenir en centre-ville. »

Quel est leur but ?

« intégrer la dynamisation du territoire à travers la composante commerciale, faire du commerce, de l’artisanat, des services, des vecteurs forts de l’attractivité du centre-ville, des centres quartiers, mutualiser les expériences ou encore fédérer les dynamiques individuelles pour réussir la ville de demain. »

Comment et avec qui se montent ces partenariats ?

Le management de centre-ville réunit l’ensemble des acteurs économiques publics et privés du centre-ville (Ville, CCI, CMA, associations à vocation économique, commerçants, …) et peut regrouper autour de ce partenariat d’autres acteurs tels que : EDF, France Télécom, la Poste, l’Office de Tourisme, les cinémas, les sociétés bancaires et immobilières, les acteurs culturels, …

 

  • Un plan national pour accompagner les centres-villes dans leur développement

Dans le même temps, un début de réponse étatique a été apportée en 2017 avec le rapport Yves Dauge. Il s’agit d’un plan national visant à la mise en œuvre d’accompagnements d’espaces protégés (créés par la nouvelle loi LCAP). Pour le ministère, ces « nouveaux espaces protégés de la loi LCAP offrent l’occasion de croiser politiques patrimoniales et politiques d’urbanisme ».

Le plan national d’Yves Dauge concerne environ 600 villes petites et moyennes de nos régions dont les centres historiques sont en grande difficulté. Celles-ci sont au cœur d’un programme visant à revitaliser leurs centres-villes, avec des mesures portant sur l’habitat, le commerce, les espaces publics, l’attraction touristique, l’innovation culturelle, la gestion paysagère des périphéries et entrées de villes. »

Les gouvernements ont donc pris conscience de l’urgence de l’aménagement du territoire, et possèdent grâce à ce rapport des mesures concrètes à mettre en place pour ne pas faire de ces 600 communes « les grandes oubliées du patrimoine » (Yves Dauge).

Il est maintenant temps de s’attaquer à ce problème, et ce par tous les moyens, sous peine de voir disparaître nos centres-villes anciens !


En savoir plus :

https://www.clubdesmanagers.com/accueil/

http://www.cci.fr/web/developpement-de-l-entreprise/management-centre-ville

Centre-ville en mouvement