Dans 14ème arrondissement de Paris, non pas un, mais deux sites historiques… menacés de destruction

Montsouris 3A quelques pas de Denfert-Rochereau, au 26 rue de laTombe-Issoire, la ferme Montsouris est le dernier vestige de la ruralité parisienne et ses sous-sols, la carrière Port-Mahon, la dernière carrière souterraine médiévale à Paris qui nous soit parvenue intacte, mais pour combien de temps encore ?

Un peu d’Histoire…

Depuis vingt ans, le Collectif de Port-Mahon et de la ferme de Montsouris se bat pour préserver au mieux le caractère historique du lieu, racheté en 2003 par un promoteur du groupe immobilier Soférim. La ferme de Montsouris a été construite en 1850 et fournissait les riverains en lait et oeufs frais jusqu’en 1940. Alors qu’à la fin du XIXème siècle, on comptait plus de 400 fermes au cœur de Paris, la ferme de Montsouris demeure la dernière ferme nourricière, appelée également « vacherie », de la capitale.  Dans les années 1950, la laiterie est démolie et la grange transformée à l’initiative du propriétaire, l’Abbé Keller, pour accueillir des personnes démunies ainsi que des activités sociales et culturelles. Aujourd’hui, il ne subsiste plus que la grange et son ancien fenil (dont chaque bois de la charpente est marqué des signes des Compagnons nous précise le président du Collectif de Port-Mahon, Thomas Dufresne), la grande cour et la porte charretière sur rue. Mais le site recèle d’autres surprises historiques…

Dix-sept mètres sous terre, la carrière du chemin de Port-Mahon, seule carrière intacte datant du Moyen-Âge, se déploie sur deux étages de galeries et abrite les vestiges d’un aqueduc gallo-romain. Appartenant aux Hospitaliers de Saint-Jean, cette carrière a fourni les pierres qui ont bâti Paris à travers les époques.

Des monuments historiques malmenés

Classée au titre des Monuments Historiques depuis 1994, elle risque pourtant d’être dénaturée par les travaux de la Soferim, désormais propriétaire du terrain, qui prétend procéder à une opération de « restauration » et de sauvegarde. Certes, les carrières sont en mauvais état et nécessitent une urgente restauration en vue de sa protection, mais comment sauvegarder un site médiéval sous-terrain lorsque le projet final n’est autre qu’un immeuble de huit étages ?

C’est ce que dénonce le Collectif Port-Mahon en attaquant en référé chaque autorisation de construction délivrée par le ministère de la culture. Trois autorisations ont déjà été annulées en huit ans. La bataille a pris un nouveau tournant le 26 mars dernier : alors que la veille, les engins de la Soférim entraient sur le terrain pour débuter les travaux, le Conseil de Paris a voté une délibération pour demander la protection du site au titre de la législation sur les monuments historiques et s’est engagé à rendre le site inconstructible.

La bataille n’est pourtant pas terminée : malgré plusieurs permis annulés, la Soferim  a tout de même obtenu une nouvelle autorisation de construire en décembre 2012. Son projet, « Les jardins de Montsouris » prévoit notamment le réaménagement du jardin et la création de 80 logements (dont 25% seront des logements sociaux). Le site de la rue de la Tombe-Issoire ne bénéficie pour l’instant que d’un sursis, mais espérons qu’à terme, il retrouve sa vocation d’antan : le Collectif de Port-Mahon et de la Ferme de Montsouris souhaite en effet y poursuivre l’œuvre sociale et culturelle de l’Abbé Keller. Quoiqu’il en soit, à l’abandon depuis plus de trente ans, le site attend sa renaissance.

En savoir plus :

 

! Information de dernière minute ! Mardi 2 avril 2013 : Le juge des référés déboute le collectif Port-Mahon. Les travaux vont donc se poursuivre…  Elément décisif : un effondrement de la carrière, probablement survenu en février ou mars.

 

 

 

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