Création de la Fondation Paysages

Une Fondation dédiée au(x) paysage(s), voici l’ambitieux projet porté par l’un des grands paysagistes contemporains, Michel Péna. Voulu comme un outil de sauvegarde, son rôle sera d’unifier, de rassembler, et créer de nouvelles synergies.

Le projet est porteur de convergences prometteuses avec la candidature de Nice à une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et donc ardemment soutenu tant par des figures médiatiques de la culture et du patrimoine (Stéphane Bern, Stéphane Marie), que de personnalités politiques et scientifiques : l’ancien ministre Jean-Jacques Aillagon, le philosophe Edgar Morin et la directrice de l’Institut Ecologie et environnement du CNRS, Stéphanie Thiebault, qui participent au comité de parrainage.

Actuellement à l’état d’association de préfiguration, la future Fondation s’implantera au sein de l’abbaye de Roseland à Nice, permettant à ce bel écrin dominant la mer, de bénéficier d’une importante campagne de restauration.

© Michel Péna - Péna Paysages (2)

© Michel Péna – Péna Paysages

Faire le pont entre l’écologie et la création

La Fondation Paysages ambitionne d’assumer plusieurs vocations dont la principale réside dans la création d’un laboratoire visant à apporter des solutions concrètes aux questions environnementales, en reliant approche artistique et recherche scientifique :

  • Rassembler scientifiques et artistes pour une nouvelle pensée du paysage ; l’objectif étant de réduire la fracture culture/écologie et de rapprocher science et poésie,
  • Créer un lieu de convergence et de connexion des actions dispersées à travers le monde,
  • Envisager les nouveaux paysages climatiques : sujet se teintant d’une certaine urgence du fait des mutations environnementales et de leurs impacts sur les paysages (crise climatique, mutation des milieux…),
  • Accompagner les territoires démunis face aux mutations : à cause de la transformation fulgurante des territoires et à la disparition des campagnes, le paysage peut s’envisager comme un préalable à l’urbanisme,
  • Promouvoir des « Villes Fertiles »[1] en imaginant des villes à la fois plus denses et plus naturelles du fait de l’appauvrissement biologique et sensible de nos milieux de vie.

La Fondation compte abriter également un centre de formation et de compétences : le NILCe[2] à l’attention des décideurs en matière d’aménagement des territoires.
Lieu de bouillonnement culturel autour des questions environnementales, il aura pour objectif de transmettre des outils de réflexion et de compréhension du paysage.

Un enseignement théorique et pratique s’y déploiera dans trois secteurs d’application :
– Les jardins, parcs et espaces à dominante végétale
– L’espace public et les aménagements urbains
– Les enjeux territoriaux et compositions des grands paysages

La pédagogie se basera sur trois piliers structurels, qui seront déclinés en volets théoriques et pratiques: la pensée – la connaissance – la création.
Elle proposera une approche conciliant deux polarités : Philosophique-Poétique / Technique-Scientifique.

La restauration de l’abbaye de Roseland

© Marc Tanzi (2)

© Marc Tanzi

Le choix du site d’implantation de cette Fondation constitue une opportunité remarquable de restaurer et de redonner vie à un symbole architectural du patrimoine de villégiature de Nice.

Les demeures patriciennes du XVIIIe siècle deviennent, au XIXe siècle, des villas de villégiature puis, souvent, au XXe siècle, des hôtels ou des résidences.
L’Abbaye de Roseland fut construite au XVIIe siècle par une famille aristocratique niçoise, les Dalmassi.
Elle passera entre de nombreuses mains, jusqu’à Edouard Larcade qui en devient le propriétaire en 1925 et à qui le domaine doit l’essentiel de son aspect actuel.

Ce grand antiquaire parisien, originaire du Sud-Ouest, ajoute au bâtiment une chapelle, une fausse ruine, une grotte et, surtout, un cloître pour y présenter ses riches collections lapidaires médiévales. Les colonnes intérieures de ce cloître proviennent de l’église de la Daurade de Toulouse qui date de l’époque paléochrétienne, probablement du IVe ou du Ve siècle.

Edouard Larcade fait appel, pour la composition du jardin, au célèbre paysagiste Octave Godard qui allie un dessin géométrique à la française à une inspiration italienne et mêle des essences méditerranéennes, oliviers, caroubiers et cyprès, à une végétation exotique variée, arbres de Judée, néfliers du japon, pittosporum de Chine, figuiers de barbarie, agaves et palmiers.

La qualité de cet ensemble lui a valu d’être classé Monument historique en 1996, et en 2010 la Ville de Nice y a entrepris une première campagne de sauvegarde.

L’opportunité niçoise et sa candidature à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco

Cette Fondation à vocation internationale, avec les multiples missions qui lui seront assignées, est appelée à jouer un rôle au cœur d’un site et d’un territoire qui sont candidats au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le Comité des biens français du patrimoine mondial, réuni à Paris en octobre 2016, a rendu un avis favorable concernant la candidature de Nice à l’inscription sur la liste indicative française du patrimoine mondial, dans la catégorie des biens culturels. Depuis mars 2017, la candidature de Nice est donc officiellement inscrite sur la Liste indicative de la France.
L’étape suivante consistant à approfondir le travail en élaborant un Plan de Gestion du paysage urbain historique concerné par la candidature.

Le dossier de candidature, intitulé « Nice, ville neuve née du tourisme ou l’invention de la Riviera » , initialement centré sur la Promenade des Anglais, s’est élargi au fur et à mesure à l’ensemble de la ville nouvelle marquée par de nombreuses influences internationales, qui s’est développée dès la fin du XVIIIe, puis très fortement au milieu du XIXe siècle, sous l’impulsion de la fonction d’accueil touristique de Nice.
Ce paysage forme ainsi selon les critères de l’UNESCO « un exemple éminent d’ensemble architectural illustrant une période significative de l’histoire humaine », en l’occurrence les origines et le développement du phénomène touristique. Nice offre également « le témoignage d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée, sur le développement de l’architecture, des arts monumentaux, de la planification des villes », et enfin, un site «directement associé à des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle ».

Autant d’ambitions qui devraient concrètement mobiliser experts et professionnels autour d’un vaste programme de réflexions et d’actions pouvant s’épanouir au sein de la future Fondation Paysages.

Camille Pessemier

> Site de la Fondation Paysages <


[1] Exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine, 2011
[2] Nice International Landscape Center