Visite de Malte

Du 26 au 29 septembre 2019 a été organisé un voyage à Malte pour visiter les richesses de l’archipel. Découvrez le compte rendu de ce voyage rédigé par Agnès Amiot. 


Après notre première nuit passée dans la baie de Saint Paul, située au nord Est de l’île de Malte, nous sommes partis de bon matin, de bonne humeur, avec Patricia notre guide, à la découverte de l’archipel maltais.

Notre première visite est pour La Valette, capitale de l’île de Malte.

C’est Charles Quint qui offre la jouissance et la défense des îles maltaises aux chevaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (Ordre hospitalier et militaire) en 1530, dont le grand maître est Villiers de l’Ile-Adam (qui meurt en 1534).

La ville est alors fortifiée par les chevaliers, et Jean de Valette, nommé grand maître en 1557, doit faire face à un siège par les Ottomans en 1565 ; et après plus de quatre mois et de nombreuses pertes, les Ottomans repartent. Nous découvrons une cité fortifiée, majestueuse, vivante, classée au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO en 1980.

Après avoir délaissé la grande artère, axe principal qui traverse toute la ville, nous découvrons l’Eglise Notre-Dame-des-Victoires derrière l’ancien théâtre romain et le nouveau bâtiment du parlement. Petite mais superbe. Elle fut édifiée en 1567 par les chevaliers après leur victoire contre les Ottomans. De style baroque on retiendra ses magnifiques fresques qui nous retracent la vie de la Vierge Marie.

Cathédrale de la Valette

A quelques pas de Notre-Dame-des-Victoires nous découvrons dans toute sa simplicité l’extérieur de la cocathédrale Saint Jean édifiée en 1577, alors que nos yeux vont découvrir un intérieur très différent : l’art baroque dans toute sa splendeur. Construite autour d’une seule nef de 53 mètres avec des chapelles des 2 cotés représentant des langues hospitalières et dédiées à des saints. C’est ainsi que la chapelle de France est dédiée à Saint Paul, alors que celle de Provence est dédiée à Saint Michel. Cette déclinaison des chapelles par langue hospitalière me rappelle Rhodes où les chevaliers étaient regroupés par pays d’origine dans une même auberge. Le sol de la cocathédrale est recouvert de 405 pierres tombales des chevaliers de l’ordre de Malte, toutes de marbre polychrome. Fascinant ! Les fresques de la voute retracent la vie de Saint Jean Baptiste. Nous nous abandonnons tous dans les allées de la cocathédrale qui brille de toutes ses dorures à la recherche de l’oratoire qui nous livre son trésor : les deux superbes toiles du Caravage (réfugié sur l’île en 1607), à savoir la décollation de Saint Jean-Baptiste, et Saint Jérôme écrivant. Magnifique !

Après de telle splendeurs nous avons échangé nos émotions autour d’une assiette appréciée de tous.

Nous poursuivons notre journée par la visite du Palais des Grands Maîtres, aujourd’hui bureau du Président de la République de Malte, malheureusement en travaux le jour de notre visite. Les salles que nous traversons sont richement décorées, avec des plafonds peints représentant de nombreux blasons des chevaliers, et sur les murs nous avons pu admirer de très belles tapisseries des Gobelins.

Nous sommes invités à revenir sur nos pas pour admirer les jardins de l’Upper Barraca qui nous offre une vue exceptionnelle sur le port et les trois cités, à savoir Vittoriosa, Senglea, et Cospicua, petites villes paisibles protégées par des bastions et des forts.

Un temps libre nous est offert pour déambuler à notre gré dans cette ville belle et accueillante, avant de rejoindre notre hôtel où tous les membres du groupe dîneront ensemble dans une atmosphère sympathique et chaleureuse.

Pour notre deuxième journée nous embarquons à bord d’un ferry pour l’île de Gozo, la deuxième plus grande des 21 îles constituant l’archipel maltais.

Gozo

A l’origine l’île de Gozo était plate, mais au fur et à mesure de l’érosion et compte tenu de la présence d’argile dans le sol, des collines et des vallées se sont formées. En effet, ce qui nous frappe en traversant cette île ce sont les paysages plus verdoyant que ceux de l’île de Malte très rocailleux. On y voit des champs cultivés, des jardins, des fleurs, car il y pleut plus qu’à Malte. On y découvre des fermes traditionnelles, clos de murs de pierres, et des villages dispersés.

A ce stade de notre lecture il est temps de parler brièvement de l’histoire de cet archipel de Malte.

De part sa position stratégique on aura compris que l’ile de Malte et de Gozo sont à un point charnière des routes maritimes de la Méditerranée. Elles furent tant convoitées et attaquées, fortifiées pour leur défense et restaurées pour notre bonheur, que son patrimoine est digne de son histoire.

La PREHISTOIRE – entre 400000 avant JC et 3500 avant JC :

Nous découvrons sur le site de Ggantija deux temples préhistoriques datés de 3600 – 3200 ans avant Jésus-Christ. Nous sommes dans la période mégalithique. Dans le musée quelques pièces de poterie et des statuettes révèlent que les premiers occupants de l’île venaient de Sicile. Le site est très impressionnant par la taille et le positionnement des blocs de pierres constituant les murs de ces temples qui furent des sanctuaires. Les ossements trouvés et les traces de feu laissent penser qu’il y eut des offrandes rituelles d’animaux. Mais il semble que ce site soit tombé en désuétude vers l’an    2500 avant JC, les hommes ayant fuis Gozo vraisemblablement par manque de nourriture.

Dans l’ANTIQUITE – entre 3000 avant JC et 455 après JC :

En 725 avant JC les Phéniciens sont les premiers colonisateurs de l’île, puis viennent les Grecs au VIe siècle avant JC. En 480 avant JC les carthaginois prennent le contrôle de l’île et cèdent la place aux Romains en 218 avant JC. Après la chute de l’empire Romain en 455 après JC, l’île sera occupée par les Vandales puis les Ostrogoths avant de repasser sous le contrôle de l’Empire Byzantin.

Le MOYEN AGE – entre le Ve et le XVe siècle :

En 870, les arabes s’emparent de l’île et la vide de sa population. Ils sont remplacés par les Normands en 1091 avant qu’elle ne repasse sous la domination des Siciliens en 1127. Les musulmans sont chassés et l’île se rechristianise en conservant la langue arabe. En 1492 elle accueillera des Juifs chassés d’Espagne.

A la RENAISSANCE :

L’île est offerte par Charles Quint en 1530 à Villiers de l’Isle-Adam, grand maître de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (ordre Hospitalier et militaire) qui meurt en 1534. L’ordre pour défendre la chrétienté face aux Ottomans entreprend de fortifier l’île. En 1565 les Ottomans qui ont fait le siège de l’île sont repoussés par les chevaliers, sous le commandement de Jean de la Valette, grand maître depuis 1557. Les chevaliers resteront les seuls maîtres de Malte jusqu’à l’arrivée de Bonaparte.

Depuis la fin du XVIIIe SIÈCLE :

En 1792 la révolution française confisque les biens français des hospitaliers, comme ceux de tous les autres ordres religieux.

Bonaparte prend l’île en 1798 ce qui signe la fin de la domination des chevaliers. Il y séjourne dix jours et laisse 3.000 soldats qui mettent à sac la ville. Les anglais viennent au secours des Maltais en 1800 mais refusent de rétablir l’Ordre de Malte et imposent la langue anglaise.

Au XX siècle, en 1964, l’indépendance de Malte est reconnue tout en faisant partie du Commonwealth avec la Reine Elisabeth à sa tête. Ce n’est qu’en 1974 que la République est proclamée et qu’un Président est élu. En 2004 Malte adhère à l’Union Européenne, et en 2008 elle rejoint la zone Euro.

Il est temps de reprendre la route pour Dwejra où certains d’entre nous, à bord de barques, peuvent admirer un long tunnel naturel sous la falaise, ainsi qu’une grotte présentant une eau d’un bleu très clair.

En bateau dans les Gorges maltaises

Nous déjeunons sur le port de Xlendi qui se trouve au fond d’une petite vallée très étroite, aux parois rocheuses escarpées et qui s’ouvre sur la mer dans une petite crique.

Bien rassasiés nous continuons notre voyage vers Victoria, capitale de l’île de Gozo. Après avoir déambulé dans ses ruelles enlacées, nous découvrons la citadelle toute de pierres dorées, dominant l’île en son cœur, imposante, remarquablement restaurée pour le bonheur des touristes. Les plus courageux se lancent à l’assaut de la citadelle baignée de soleil. Arrivés sur les remparts leurs efforts seront récompensés par la vue inoubliable sur 360°à couper le souffle.

Mais c’est déjà l’heure du retour. Sur le chemin nous pouvons admirer les marais salants de multiples couleurs sur un fond de mer bleue et ces nombreuses chapelles dans les villages que nous traversons qui témoignent de la grande foi Catholique des habitants de Gozo.

Selon la légende, en route pour Rome, Saint Paul aurait fait naufrage à Malte dans une petite crique, en un lieu mal défini. Pour preuve les nombreuses églises portent son nom, en particulier la cathédrale de Mdina.

Dimanche, notre dernier jour sur l’île, nous réserve encore de beaux souvenirs. Nous partons pour le village de Naxxar où le Palazzo Parisio nous attend. Construit en 1733, à l’origine simple bâtiment., son troisième propriétaire chef de la famille Scicluna (qui sera à l’origine de la création de la première banque privée à Malte) lui donne toute sa splendeur. On atteint le premier étage par un magnifique escalier de marbre qui nous mène aux salles de réception richement décorées de meubles uniques créés pour le Pallazo, de lampes en verre de Murano, des murs couverts de damas et les plafonds de fresques ornées de blasons. On découvre un magnifique balcon dominant les jardins clos à l’italienne débordants de bougainvilliers et d’orangers du Mexique, bouquets de senteur sous ce soleil généreux qui comptent parmi les plus beaux de Malte.

Il est temps pour nous de découvrir l’ancienne capitale maltaise Mdina : la Città Notabile qui surgit du Moyen Âge, silencieuse et séduisante. On accède par une des portes de style baroque. On abandonne la rue centrale pour se perdre avec bonheur dans ces ruelles circulaires où l’on entend les pierres nous parler, et on imagine aisément tomber au détour de l’une d’entre elles sur un chevalier de l’ordre. Quel beau patrimoine nous offre Mdina : ces nobiliaires aux magnifiques portails ornés de marteaux (souvent du XVIIIe) qui gardent leur beauté cachée derrière de hauts murs d’où s’échappe parfois une branche de bougainvilliers en fleur.

Hélas il est l’heure de regagner l’aéroport, chacun emportant un petit coin de cette île dans son cœur.

Agnès Amiot