Sept chefs-d’œuvre rendus à leur propriétaire

abraham-et-les-anges-de-sebastiano-ricci« Abraham et les anges », de Sebastiano Ricci (1710)

Mardi 19 mars 2013, la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a rendu sept tableaux anciens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale à deux famille juives.

Au terme de plusieurs années d’instruction et de recherches conduites par divers organismes et historiens, l’État a décidé de restituer ces œuvres de Alessandro Longhi, Sebastiano Ricci, Gaspare Diziani, Salvator Francesco Fontebasso, Gaetano Gandolfi, François-Charles Palko et Pieter Jansz van Asch. Quatre de ces tableaux étaient au Louvre et les trois autres se trouvaient dans les musées de Tours, Saint-Étienne et Agen.

Destinées au musée qu’Adolf Hitler voulait ériger dans sa ville natale de Linz, ces peintures classiques italiennes, hollandaises et allemandes avaient été retrouvées par les Alliés en Allemagne et renvoyées en France.

Sur 100 000 objets volés aux Juifs pendant la guerre, 63 000 ont été rapatriés après la Seconde Guerre mondiale. 45 000 d’entre eux ont été récupérés notamment par les Rothschild ou les David-Weill et 13 à 14 000 ont été revendus aux enchères car ils étaient dépourvus de grande valeur. Il reste donc pas moins de 2 000 objets, entreposés dans les musées, qui cherchent encore preneurs. 163 d’entre eux sont des tableaux importants, signés de très grands maîtres. Tous ces objets sont dotés du statut de Musées Nationaux Récupération (MNR) depuis 1949. Ces œuvres sont sous la garde de l’État français mais ne font pas partie de ses collections. Elles sont conservées dans les musées, qui doivent les signaler et les montrer au public, en attendant leur réclamation.

Un tel geste est si rare en France qu’une cérémonie officielle a été prévue. Aurélie Filippetti a remisdonc les tableaux aux descendants de Richard Neumann et de Josef Wiener, deux grands collectionneurs juifs autrichien et pragois. Thomas Selldorff, petit-fils de Neumann a cherché ces tableaux pendant plus de dix ans. Aidé d’une historienne autrichienne, il a finalement retrouvé ces six œuvres grâce aux nouvelles technologies numériques et aux banques données en ligne. Mr Selldorff est « heureux de pouvoir transmettre ce patrimoine familial à ses enfants ».

Le tableau de Pieter Jansz van Asch, intitulé « La Halte » sera rendu au fils du second mari de Mme Wiener, qui s’était échappée des camps de concentrations contrairement à son mari, assassiné cinq jours après sa déportation.

Les conservateurs des musées insistent sur les efforts déployés depuis de nombreuses années pour permettre ce genre de nouvelles. « Nous avons mis le plus grand sérieux dans cette mission », se félicite la directrice des musées de France, Marie-Christine Labourdette. Les identifications sont aujourd’hui simplifiées par les nouveaux moyens informatiques, comme la base consacrée aux MNR, « s’étendant ainsi aujourd’hui à la spoliation en Europe centrale ».

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