Retour sur les « Capacity Building Days » d’Europa Nostra du 15 au 17 avril 2015 à Bruxelles

Patrimoine-Environnement, membre d’Europa Nostra, a été invité aux Journées d’information et de formation (Capacity Building Days) à Bruxelles. Elle y a été représentée par Emmanuel de Calan, chargé des relations européennes et internationales au sein de notre association, qui nous livre ici un compte-rendu intéressant et important. La culture européenne des associations du patrimoine est faible comme vous pouvez le lire, Patrimoine-Environnement voudrait la renforcer.

Europa Nostra est une organisation internationale non-gouvernementale européenne créée en 1963, qui fédère environ 250 associations dans le domaine du patrimoine culturel et qui est présidée par Placido Domingo. Son siège se situe à La Haye (Pays-Bas), son président exécutif est Denis de Kergorlay (France), sa Secrétaire générale Sneska Quaedvlieg-Mihailovic (Pays-Bas-Serbie). Son rôle fédérateur et son influence comme porte-parole de la société civile sont largement reconnus auprès de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe et de l’Unesco.

Les Journées d’information et de formation (Capacity Building Days) organisées à Bruxelles du 15 au 17 avril 2015 ont réuni une quarantaine de participants venant de pays membres de l’UE (Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Italie, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni), mais aussi de l’Albanie, de l’Arménie et de la Serbie. Outre ma présence représentant Patrimoine-Environnement, le monde associatif français était représenté par Caroline d’Assay, administratrice de Pro Patrimonio France, Henri Simon, président de Patrimoine sans frontières. L’Allemagne n’était pas directement présente dans les discussions mais nous avons été reçus le jeudi soir par le Bureau de liaison de Bertelsmann à Bruxelles pour un dîner-débat sur les partenariats entre les ONG et l’entreprise.

Photo 3Europa nostra

Gaianè Casnati, Directeur du Centre d’études et de documentation culturelle arménienne, Crispin Truman, Directeur du « Churhes Conservation Trust » et Višnja Kisic, secrétaire générale d’Europa Nostra-Serbie

Le programme des réunions fut très dense, les exposés de représentants de la Commission (DG Education-Culture, DG Recherche-Innovation) et de la Banque européenne d’investissement (BEI) alternant avec quatre tables rondes. Guy Clausse, doyen de l’Institut de la BEI, a présenté les différentes possibilités de financement existant pour le patrimoine culturel. Un « guide pour les bénéficiaires » serait en cours de préparation sur les financements au titre des fonds structurels. Il en ressort que, si des ressources variées existent dans les programmes européens pour les projets portés par les associations du patrimoine, celles-ci se situent pour la plupart dans des ensembles qui n’ont pas le patrimoine lui-même pour objet premier. C’est ainsi qu’un représentant de la DG Recherche et Innovation est intervenu sur le thème « Le patrimoine culturel à l’horizon 2020» en s’appuyant sur le rapport d’un groupe intitulé « Getting cultural Heritage to work for Europe ».

Dans l’approche qui domine désormais au sein de la Commission et de la BEI, le patrimoine est surtout pris en compte pour sa contribution à la mise en œuvre des grandes politiques socio-économiques (formation des jeunes, cohésion sociale, développement touristique etc.), pour sa valeur « instrumentale » en quelque sorte. La formule de l’économiste W. Edwards Deming- « In God we trust, all others bring data » – pourrait bien, selon certains, être reprise par le nouveau Commissaire chargé de l’Education, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.

europa-nostra

Michel Magnier, Directeur de la Commission européenne pour la Culture et la Créativité à la direction générale pour l’Eduction et la Culture et Sneška Quaedvlieg-Mihailovi? , Secrétaire générale d’Europa Nostra. © Giuseppe Simone / Europa Nostra

En ce qui concerne la concertation de la Commission avec les Etats Membres pour la définition des programmes, M. Michel Magnier, directeur « Culture et créativité » à la DG de l’Education et de la Culture, a expliqué que celle-ci s’effectuait par deux canaux distincts : la « Méthode ouverte de coordination »- Open Method of Coordination (OMC)- avec les représentants des gouvernements, et le « dialogue structuré » avec la « société civile ». A cet effet, la Commission s’appuie sur des intermédiaires- ou « contractors », parmi lesquels a été notamment cité le Goethe Institut. Les demandes de subventions aux instances européennes ne doivent pas être présentées individuellement, mais à travers des réseaux plurinationaux européens. Dans le domaine du patrimoine, Europa Nostra apparaît ainsi comme la structure la mieux placée, par ses relations étroites avec Bruxelles, pour jouer le rôle de veille et de « lobbying » au nom de la société civile. Il paraît important que le monde associatif français se fasse entendre davantage au sein de ce dispositif.

Lors de mon entretien avec M. de Kergorlay, le mercredi soir, celui-ci a exprimé sa satisfaction de la présence de Patrimoine-Environnement à cette réunion et émis le souhait que nous renforcions notre coopération avec son Organisation, en suscitant notamment des candidatures françaises au Prix du patrimoine culturel de l’Union européenne/Concours Europa Nostra. De mon côté, à l’occasion de la table ronde sur l’Année européenne du patrimoine culturel 2018, j’ai indiqué que les membres du G7 préparaient un « Livre Blanc sur le Patrimoine-2015-2025 » etque nous serions disposés, le moment venu, à en communiquer les conclusions à nos partenaires européens.

                                                                                                              Emmanuel de Calan
Administrateur de Patrimoine-Environnement
Chargée des relations européennes et internationales
Délégué Nord Pas-de-Calais

Pour en savoir plus :