Montpellier : la chapelle Sainte-Foy, un trésor de l’art


1La chapelle Sainte-Foy est située au centre historique face à l’hôtel Jacques Cœur / Musée Languedocien, elle appartient à la Confrérie des Pénitents blancs. Ce lieu de culte est le plus ancien du Vieux Montpellier encore en activité, dans ses murs d’origine. Classée au titre des Monuments historiques, la chapelle incarne les pages sanglantes des Guerres de religion. Fondée au Moyen Âge, sa décoration intérieure allie différents styles : baroque, classicisme… La chapelle Sainte-Foy, malgré sa splendeur, est très dégradée et son état nécessite de nombreux travaux de restauration.

« Chacune des dures épreuves subies par Montpellier au long de son histoire mouvementée a marqué durement la chapelle Sainte-Foy, mais à l’image de la ville tout entière, elle s’est toujours relevée. » – Guilhem Van den Haute.

Dans la rue Jacques Cœur, le passant est attiré par la luminosité de cette chapelle dissimulée derrière une porte monumentale du XVIIIe siècle. L’on pourrait croire à l’entrée d’un hôtel particulier ; la seconde porte, le tambour au décor rocaille, laisse découvrir la dorure du chœur et les peintures du plafond à caissons.

Un monument-témoin de l’histoire de la ville

2La chapelle Sainte-Foy est mentionnée pour la première fois en 1228, mais son existence est probablement antérieure. Comme un livre ouvert, la chapelle est le témoin de la période des Guerres de religion qui a été particulièrement féroce à Montpellier. Elle est alors détruite à deux reprises. En 1568, il ne subsiste que la base des murs et le pontet, une arche qui relie la chapelle à l’hôtel Jacques Cœur. L’emplacement devient un cimetière à ciel ouvert pendant plus d’un demi-siècle.

Après le siège de la ville, en 1622, la chapelle est restituée à la Confrérie des Pénitents blancs et elle est reconstruite de 1623 à 1626.

Pendant la Révolution, la chapelle est vendue comme bien national, elle devient entrepôt, magasin à fourrage, école… De nouveau en état de ruine, elle est rachetée par la Confrérie des Pénitents blancs en 1804 ; l’association catholique composée de laïcs, hommes et femmes, est toujours propriétaire de la chapelle Sainte-Foy, elle y fait célébrer des messes et s’occupe de l’entretien et de la restauration.

La Confrérie des Pénitents blancs

Les Pénitents accueillent les visiteurs en tenue civile, leur habit de cérémonie entièrement blanc avec une cagoule habille des mannequins exposés à la tribune, face au chœur ; cette tenue qui peut impressionner permettait aux pénitents de garder l’anonymat pendant les œuvres caritatives et de bénéficier de traitements égaux quel que soit leur milieu d’origine.

La devise de la Confrérie est Spiritus Sanctus ubi vult spirat qui signifie : « L’Esprit Saint souffle où il veut ». De nombreuses personnalités ont été Pénitents : François de Lapeyronie, Henri Pitot, Jean-Jacques Régis de Cambacérès, Frédéric Mistral…

Pour permettre aux visiteurs de connaître l’édifice qui nécessite d’importants travaux de rénovation, ils accordent de leur temps. Pendant les périodes d’ouverture, le public découvre la chapelle Sainte-Foy, un trésor artistique unique dans la région.

Trésor de l’art

4L’église a été reconstruite et aménagée du XVIIe au XIXe siècle. Le plafond à caissons est orné de peintures signées Simon Raoux et Paul Pezet ; les thèmes correspondent à la naissance du Christ et au cycle de la Passion.Une partie des peintures qui représentait le Christ ressuscité a été perdue pendant la Révolution et n’a pas été remplacée.

Augustin-Charles d’Aviler, l’architecte qui réalisa l’Arc de Triomphe du Peyrou, dessina le lambris des murs en bois doré. Dans la partie haute, des angelots alternent avec des médaillons peints par Antoine Ranc ou son atelier. Les tableaux de la partie basse disparurent également pendant la Révolution mais furent remplacés au XIXe siècle par des œuvres d’artistes régionaux.

Le chœur a été agrandi en 1876, il est orné d’un des derniers palmiers eucharistiques, de porte-flambeaux, de colonnes et pilastres ; il abrite la chapelle du Saint-Sacrement, autre merveille en toute intimité où l’on découvre des sculptures du XVIIe siècle en bois doré, deux bas-reliefs représentant la décollation de saint Jean-Baptiste, des tableaux et un plafond ciel.

Le visiteur pourra remarquer le mauvais état de conservation des peintures assombries par le vieillissement des vernis, ce n’est qu’un aspect des nécessités de restauration.

Une chapelle à restaurer

5Grâce au soutien de particuliers et d’associations, à l’appui de la DRAC et des collectivités territoriales (Ville, Département…), des avancées ont pu être réalisées en matière de restauration. Ainsi, la rénovation de la façade Est constituait une priorité, les murs sont désormais au sec, mais il reste la façade Nord qui présente aussi des problèmes d’étanchéité.

Il y a encore beaucoup à faire pour conserver ce chef-d’œuvre. L’urgent concerne la toiture principale qui doit être refaite. Un des autels menace de s’effondrer et le clocher que l’on aperçoit de la rue Jacques Cœur et dont la cloche est une des plus anciennes du département de l’Hérault doit être rénové, ainsi que la cloche. La coursive Nord, cet étage-tribune d’où la vue sur la chapelle est magique, est très détériorée en raison de nombreuses infiltrations d’eau.

Au XIXe siècle, les fenêtres du mur Sud de la chapelle Sainte-Foy furent condamnées ne permettant plus l’éclairage naturel du lieu. Par l’accueil des visiteurs, le jour fait écho à la petite église qui accueillit Louis XIII et Anne d’Autriche. Ce monument-témoin est à préserver, si chaque visiteur accordait un euro, les travaux de restauration feraient un grand pas.

Fatma Alilate
Contributrice pour Patrimoine-Environnement

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