Le patrimoine et le jardin du Foyer Sainte-Marie (Rouen) à sauver !


© association de La Boise Saint-Nicaise

Dans le quartier Saint-Nicaise, en plein cœur de Rouen, en Seine-Maritime, les occupant.e.s des Jardins Joyeux viennent d’être évacué.e.s du Foyer Sainte-Marie. Après presque sept mois d’occupation, les habitant.e.s de la ZAD (familles, travailleurs, résidents sans papiers…) ont été forcé.e.s de partir malgré la trêve hivernale.

Plus d’informations sur l’expulsion du 11 janvier : https://reporterre.net/A-Rouen-une-mini-Zad-expulsee-du-couvent 

Ils luttaient depuis six mois avec le soutien des riverains contre l’installation d’un complexe immobilier (centaines d’appartements et un parking souterrain) détruisant un espace patrimonial important et l’un des derniers espaces verts du centre-ville.  La protection du site n’est désormais plus assurée et le promoteur peut procéder à des destructions programmées. 

Le permis avait été signé le 6 mars 2020, quelques jours avant l’entrée en vigueur du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), qui classe les jardins de l’ancien foyer en «cœur d’îlot à protéger».

En effet, le site, ancienne garenne de l’abbaye bénédictine, était une zone de maraîchage au Moyen Âge, à l’origine du quartier Saint-Nicaise au XIIIe siècle. Le premier couvent de Mathurins, qui s’est implanté au milieu du XVIIe siècle, a été partiellement reconstruit et agrandi au XVIIIe, puis abandonné à la Révolution, pour être reconstruit à nouveau au XIXe à l’arrivée des Dames Blanches de l’Adoration perpétuelle. Les restaurations ont continué jusqu’au XXe siècle, en reprenant à chaque fois des éléments de la maçonnerie ancienne.

Petit poumon vert au cœur du centre de Rouen (terrain de 8000m² dont la moitié de verdure), le Foyer Sainte-Marie fait partie d’un secteur patrimonial dense avec deux autres couvents à proximité. Situé à côté d’un lycée fréquenté un temps par Corneille, dont il a pris le nom, mais aussi Flaubert et Maupassant, il accueille certaines des plus vieilles maisons à colombages de la ville.

La chapelle XIXe (avec ses sublimes vitraux) et le logis central du XVIIIe sont remarquables. Le jardin étagé est attesté dans cette disposition depuis le XVIIe siècle, avec un kiosque datant du début du XIXe. Il est situé au pied du rempart du XIVe. Dans l’aile plus récente, on trouve un théâtre de poche étonnamment bien conservé, décors impeccables et moulures au plafond, voué à disparaître.

Chapelle, seconde moitié du XIXe siècle
© association de La Boise Saint-Nicaise

En mars 2020, la DRAC et la préfecture, ont publié un rapport annonçant la non-nécessité d’effectuer des fouilles sur le terrain, pour faute de vestiges. Argument qui peut sembler aberrant, compte-tenu du fait que l’association avait dressé une longue liste des vestiges présents, pour un site aménagé depuis le XVIIe siècle, au pied d’un rempart du XIVe siècle.

Mais l’association de défense du Patrimoine la Boise de Saint-Nicaise continue le combat. En effet un recours gracieux, soutenu par la Fédération Patrimoine-Environnement est en cours de rédaction, pour un envoi prévu fin janvier contre le permis modificatif, toujours pas affiché, délivré semble-t-il, le 27 novembre dernier. Le code du patrimoine étant de toute évidence piétiné, notamment pour ce qui est des servitudes malgré l’avis de l’ABF qui a autorisé les démolitions et travaux.

Informations récoltées par Bertrand Bailleul, délégué régional Normandie, pour l’association de La Boise Saint-Nicaise