La maison aux avions de Steenwerck en sursis ?


Inquiétude et mobilisation, le devenir de la « maison aux avions » ne laisse personne indifférent. « Souvenir d’enfance », « patrimoine régional » «repère immuable de la route des vacances », voilà ce qui revient le plus souvent lorsqu’on évoque la ferme aux avions. Patrimoine régional à part entière pour la plupart des Pas-de-calaisiens, cette étrange « maison » est en sursis…

La ferme aux avions : quo que ?

Depuis les années 1960, au bord de l’autoroute A25 qui va à Dunkerque, au niveau de Steenwerck, une étrange bâtisse interpelle les automobilistes. La « Base Menegatte », de son véritable nom, est tout d’abord une ferme. Celle des frères Vanabelle, Arthur et César, agriculteurs à la retraite. Selon la rumeur -on ne parle peut-être pas encore de légende-, tout démarre lorsqu’Arthur souhaite installer une girouette sur le toit de la ferme. Insatisfait du résultat, il affuble le traditionnel coq d’ailes d’avions…  La « ferme aux avions » vient de naitre. À partir d’un bric-à-brac de matériau de récup – bidons, enjoliveurs, matériels agricoles, téléviseurs, tôles, pneus… – Arthur Vanabelle crée tout un univers intriguant fait de maquettes de fusées, avions, chars d’assaut et canons, mais aussi de personnages peints ou collés sur les façades. On parle alors de « véritable temple de l’art brut » en  invoquant le célèbre Palais idéal du facteur Cheval dans la Drôme ou la maison Picassiette de Raymond  Isidor à Chartres…

Le Palais Idéal du Facteur Cheval (Drôme), classé MH depuis 1969 La Maison Picassiette à Chartres, construite par Raymond Isidore

Pourquoi on en parle aujourd’hui ?

En 2012, Arthur et César Vanabelle, 90 et 92 ans, sont contraints de quitter leur ferme pour une maison de retraite, sûrement moins fantasque. A l’abandon, la base Menegatte, ses modules et ses sculptures multicolores sont inévitablement envahis par les mauvaises herbes et malmenés par les intempéries.  Sans entretien ni gestion, la ferme aux avions se détériore et risque, à terme, de disparaître. C’est ce contre quoi se mobilisent nombre de défenseurs : amateurs d’art brut, Pas-de-calaisiens attachés à leur souvenir et à leur patrimoine…

Suite à l’engouement des médias et des lecteurs/internautes pour ce lieu en péril, une pétition est mise en ligne et dans sa foulée, une association vient d’être créée : l’ASMA (Association pour la Sauvegarde de la maison aux Avions). La mobilisation est bien réelle. L’envie de sauvegarder et valoriser ce patrimoine culturel aussi. Reste à savoir comment. Dans la pétition « Patrimoine culturel : Sauvons la « Maison aux Avions » de Steenwerck (Nord) ! », sont égrainés les différents moyens de sauvegarder le site : « Plusieurs acteurs institutionnels peuvent participer à sa sauvegarde par divers moyens : protection au titre des monuments historiques, conservation sur site ou en musée, rachat par un fond privé, mise en valeur par le département ou la région. »

Quel avenir ; quelles solutions ?

Pour les signataires de cette pétition, l’enjeu est d’assurer : « le maintien sur place, l’entretien et la mise en valeur –non commerciale – de la Maison aux avions ». Cette option s’oppose, au moins sur un point,  à celle des musées et des collectivités : le LAM (Musée d’art contemporain de Villeneuve-d’Ascq) et le Musée de la vie rurale de Steenwerck envisagent d’accueillir quelques pièces de la fermes aux avions. Les avis divergent : certains pensent le déménagement contraire à l’esprit de l’œuvre, indissociable de son environnement ; d’autres comme Bruno Montpied, médiateur de l’art brut ayant participé à la réalisation du documentaire sur les frères Vanabelle Bricoleurs de paradis en 2011, aspire plutôt à ce que « les choses en restent là, qu’on les abandonne à leur poésie éphémère… »

Les bonnes volontés sont au rendez-vous pour envisager l’avenir de la maison aux avions : restons informés !

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