Compte-rendu du colloque « ENTRÉES DE VILLE ET FRANGES URBAINES : TERRITOIRES DE RECONQUETE » et de la remise des prix du concours 2013

1046Ce lundi 28 octobre 2013, au Sénat, Patrimoine-Environnement (LUR-FNASSEM) remettait le prix national de la 13e édition du concours  national  « Entrées de ville et de reconquête des franges urbaines ».  Les projets  des villes de Chambéry et de Sainte-Maure-de-Touraine ont été récompensés ex-aequo.

Cette année,  pour la 13 édition du concours, la remise du prix national a pris la forme d’un colloque organisé sur le thème : «  Entrées de ville et franges urbaines : territoires de reconquête ». Les élus et les maîtres d’œuvre des projets sélectionnés par le jury ont été invités à partager leurs expériences lors de tables rondes.

Le colloque avait pour objectif de diffuser plus largement les bonnes pratiques en matière d’entrées de ville et de reconquêtes innovantes de franges urbaines. Les organisateurs veulent sensibiliser un public large à la transformation de ces franges urbaines et à l’incidence de leurs évolutions sur les paysages. Près de 150 personnes ont répondu à notre invitation.

Bernadette Laclais, députée-maire de Chambéry et Paul Chemetov d’une part, Christian Barillet, maire de Sainte-Maure-de-Touraine, Pierre Léger de SAFEGE concepteur de solutions d’aménagement durable et AUREA, bureau d’études-paysagistes ont reçu le 13ème prix national ex-aequo des mains de Mme Stéphanie Dupuy-Lyon, sous directrice de la qualité du cadre de vie, direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie.

Les partenaires de l’édition 2013 ont participé aux tables rondes avec les élus, animées par Eric Burie, rédacteur en chef de la revue Paysages Actualités du Groupe Moniteur.

1047Pierre Jarlier, Président de la commission Urbanisme de l’Association des Maires de France et Sénateur-Maire de Saint-Flour (15), Yves Pilorge, vice-président de la Fédération Française du Paysage, Anne Bouche-Florin administratrice de l’Office Professionnel de Qualification des Urbanistes ont largement contribué à la qualité des débats. François Minier, architecte urbaniste, lauréat de la 11ème édition était également présent. Alain de la Bretesche et Olivier Mignauw représentaient l’association organisatrice. En tant qu’association pour la promotion du cadre de vie, ils ont insisté sur l’importance et la difficulté de la concertation dans l’élaboration des projets ainsi que sur la place des associations dans celle-ci. L’Association des Maires de France, la Fédération Française du Paysage, l’Office Professionnel de Qualification des Urbanistes ont intervenu dans les tables rondes comme experts à côté des élus.

Yannick Borde, Maire de Saint-Berthevin et Philippe Briand, Député-Maire de Saint-Cyr-sur-Loire ont également présenté leurs projets accompagnés de leurs maîtres d’œuvre et participé à la première table ronde « De la voie routière au boulevard urbain : le réaménagement des entrées de ville ».

1087Lors de la seconde table ronde «  D’un territoire « délaissé » à sa requalification : la reconquête des franges urbaines », Bernard Clouet, Maire de Pont-Château et Nicole Muller-Becker, adjointe au Maire de Sarreguemines ont aussi partagé leurs expériences. Michèle Prats, avait introduit le colloque en expliquant la genèse du concours, de 1995 au 1er concours  lancé par la LUR en 2001.

Un urbanisme perturbé

Les entrées de ville de notre pays  «  un espace pas comme les autres », souligne M. Burie journaliste au Groupe Moniteur, témoignent d’un urbanisme des années 1950, où le tout-automobile était primé et voulu, par cette époque où notre société connaissait la modernité. Nous avons tous dans notre tête l’image de l’entrée de ville où les enseignes commerciales se battent entre elles et, où le seul coin de verdure laisse à désirer, se voyant camoufler par les déchets. Pour les villes de taille moyenne, la pénétrante urbaine ne laisse pas place aux fonctions urbaines (piétons, commerces…).

1117La ville de Chambéry a été récompensée pour sa reconquête de l’axe de la Leysse. C’est autour de la «  découverte » d’une rivière urbaine remise au jour, la Leysse, que s’articule le projet de requalification urbaine de la traversée de la ville. Ce projet se caractérise entre autres par la piétonisation de nombreux espaces publics, la redéfinition des flux de circulations et la reconstruction d’un nouveau pont reliant le quartier de la Cassine, jusque-là enclavé, à un tout récent pôle d’échange multimodal. La valorisation du paysage n’a pas été oubliée, notamment avec la plantation de nombreux arbres afin de remettre en harmonie la traversée de la ville avec son environnement naturel tout proche. Pour Paul Chemetov, maître d’oeuvre le projet travaille sur l’espace public, il s’inscrit dans des architectures des années 1960 et 1980 existantes.

1124La ville de Sainte-Maure-de-Touraine a été primée pour la réinscription dans la ville de sa route principale, l’avenue du Général De Gaulle. La N10 devenue ensuite la RD910 occupe une place prépondérante dans la vie quotidienne des habitants et l’organisation du réseau de voirie de la commune.  Sa réhabilitation a eu pour conséquences essentielles une réduction de la vitesse des  véhicules et un traitement paysager digne de ce nom avec l’installation d’une végétation basse et la plantation de platanes sur la partie nord de l’aménagement.  Cette ville «témoigne d’un vrai renouveau sur la question » des entrées de villes. « C’est tout l’urbanisme des cinquante dernières années qui est mis en branle, les entrées de ville connaissent des actions de correction », explique Pierre Jarlier, président de la commission urbanisme de l’Association des Maires de France (AMF) et  sénateur du cantal.

Il s’agit de « tisser un meilleur lien avec le centre-ville » confirme Pierre Jarlier. Voici l’enjeu essentiel des collectivités ! « C’est un boulot monstre » affirme Christian Barillet, Maire de Sainte-Maure-de-Touraine. Il implique de multiples acteurs dont les paysagistes qui depuis une vingtaine d’années occupent une importance non négligeable. « Les paysagistes sont assez bien armés pour aménager les entrées de villes » évoquera Yves Pilorge, vice-président de la Fédération française du paysage.

Les villes de Saint-Berthevin et de Sainte-Maure-de-Touraine traversées par d’anciennes routes nationales récréent chacune une identité de centre-ville sur ces lieux de fractures urbaines avec deux projets qui s’inscrivent dans leurs sites naturels et bâtis. La municipalité de Saint-Berthevin, Forma 6 et l’Agence Phytolab ont dû repenser à la reconquête du centre-bourg «  le noyau central » précise M.Borde, maire de Saint-Berthevin ainsi qu’à son accès en tout sécurité aux piétons et aux vélos, marqué profondément par l’axe routier de 25 m de large séparant la ville en deux. Frédéric Fourreau, agence Phytolab parle même de redonner vie à ce « tarmac routier », en prenant en compte la topographie, les boisements et en remobilisant du foncier pour créer en autres des cheminements dédiés aux circulations douces. « Il a fallu inventer et raconter une nouvelle histoire » évoque M. Fourreau. M. Borde rajoute même : « on est parvenu à donner envie aux gens de rester à cet endroit. En ne créant pas une place de stationnement juste devant le boulanger mais 300 mètres plus loin, on les rééduque, on leur réapprend à marcher. Moi-même je me force le dimanche matin à aller à pied chercher mon pain ».

Une co-construction recherchée

Le concours prête une attention particulière aux démarches de concertations appliquées. Association reconnue d’utilité publique, Patrimoine-Environnement (LUR-FNASSEM) œuvre pour la protection du patrimoine naturel et bâti et la promotion du cadre de vie. Lorsque ce dernier est susceptible d’être transformé, les autorités publiques ont l’obligation de donner l’accès à toute personne toutes informations relatives à l’environnement et de le faire participer à l’élaboration des décisions publiques (art. 7 de la Charte de l’environnement). La démarche collaborative réunit les acteurs publics et privés. De nombreuses associations de quartiers, par exemple, s’inscrivent dans les concertations mises en place par les municipalités. Cela peut se passer sous forme d’ateliers ou de visite mais aussi en consultant tout document relatif au projet d’aménagement en cours. Mais la notion de concertation reste encore floue, comme l’énonce M. de La Bretesche «  la loi ne nous dit pas ce que doit être la concertation mais, plutôt ce qu’elle ne doit pas être ». A cela,  Anne Bouche-Florin, membre de l’OPQU parle de la notion de « co-construction » qui se veut comme processus participatif mais aussi  comme levier d’innovation et de modernisation de la gestion de la ville. La co-construction soulève la question de la volonté et de la capacité des pouvoirs publics à accepter d’être dessaisis d’une partie des compétences qui leur sont traditionnellement dévolues.

Ce travail collaboratif se voit appuyer et renforcer par l’urbaniste. Anne Bouche-Florin rappelle sans équivoque que l’urbaniste «  est avant tout un homme d’interface et qui apporte une aide à la décision politique ».

Enfin, Bernadette Laclais, Députée-Maire de la ville de Chambéry, ajoutera « les acteurs de l’urbain doivent trouver des solutions. Chaque projet a sa maladie et a besoin de multiples outils financiers, de mutations et participatifs. » En effet, chaque projet se veut spécifique au territoire et porté par ses propres acteurs.

Le Sénateur Ambroise Dupont insistera  dans son discours à ce que la « réflexion doit être avant tout être locale (élus locaux, services déconcentrés de l’état, associations, habitants) tout en s’inscrivant dans un cadre légal et réglementaire bien défini par l’Etat ».

Le colloque se termina par la remise du prix par Stéphanie Dupuy-Lyon sous directrice de la qualité du cadre de vie, direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie.

A l’année prochaine !

1129

Intervenants

Présentation du Concours et remise de prix
  • Kléber Rossillon, président de Patrimoine Environnement (LUR-FNASSEM)
  • Michèle Prats, vice-présidente d’ICOMOS France, à l’origine du comité des entrées de ville et du concours
  • Stéphanie Dupuy-Lyon , sous directrice de la qualité du cadre de vie, direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie

Première table ronde :

DE LA VOIE ROUTIÈRE AU BOULEVARD URBAIN : LE RÉAMÉNAGEMENT DES ENTRÉES DE VILLE

  • Christian Barillet, Maire de Sainte Maure de Touraine (37)
  • Frédéric Fourreau, Agence  Phytolab
  • Yves Pilorge, Vice-Président de la fédération française du paysage
  • Yannick Borde, Maire de Saint-Berthevin (53)
  • Philippe Briand, Député Maire de Saint Cyr sur Loire (37)
  • Pierre Jarlier, Sénateur- Maire de Saint-Flour, Président de la commission urbanisme de l’Association des Maires de France
  • Pierre Leger,  Agence Safege
  • Eric Le Verger, Directeur des Services Techniques de Saint Cyr sur Loire
  • Olivier Mignauw, Administrateur de Patrimoine-Environnement (LUR-FNASSEM)

Seconde Table ronde :

D’UN TERRITOIRE « DELAISSÉ» À SA REQUALIFICATION : LA RECONQUÊTE DES FRANGES URBAINES

  • Raphaël Bernard, Agence  FORMA 6
  • Anne Bouche Florin, urbaniste, administrateur de l’Office Professionnel de Qualification des Urbanistes (OPQU)
  • Alain de la Bretesche, Président-délégué de Patrimoine-Environnement
  • Paul Chemetov – Paul Chemetov
  • Bernard Clouet, maire de Pontchâteau (44)
  • Patrice Engasser, Atelier Engasser
  • Bernadette Laclais, Députée-Maire de Chambéry (73)
  • François Minier, Architecte-Urbaniste, membre de la commission technique du concours
  • Nicole Muller-Becker, adjointe au Maire de Sarreguemines (57)