Les associations environnement privées de leurs subventions

Une étude d’actu-environnement a révélé la chose suivante : les associations de protection de l’environnement ne bénéficieront plus des subventions dont elles sont ultra-dépendantes. C’est une double crise, économique et politique, à laquelle elles sont confrontées. Une grosse partie du soutien public est remise en cause. Dans certains cas, du fait d’alternances politiques. C’est particulièrement vrai dans les régions Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) où les nouveaux présidents de région LR issus des élections de décembre 2015 semblent décidés à ne pas faire de cadeaux aux associations de protection de l’environnement. La situation est délicate, confirme Thierry Dereux, qui tente de bâtir FNE Hauts-de-France alors que Xavier Bertrand supprime les subventions et se positionne en pro-EPR et anti-éolien. « Il y a 18 salariés chez Picardie-Nature et nous perdons 200.000 euros de subventions », s’inquiète l’administrateur de FNE.

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Se pose dès lors la question des financements alternatifs au soutien public. Il peut s’agir notamment des adhésions des militants ou des dons. « La proportion d’adhérents à Alsace Nature représente 0,1% de la population générale. Il n’est pas impossible de toucher 0,5 à 1% de la population générale », estime Maurice Wintz, vice-président de l’association alsacienne affiliée à FNE. « J’attends beaucoup de la campagne de notoriété que va lancer FNE cet été », indique Joseph Wolfers, directeur adjoint de FNE Paca. Une campagne que la fédération a lancée le 12 juillet en vue de « toucher le public le plus large possible », quelques semaines après avoir changé de logo.

« La notoriété n’est pas absolument nécessaire pour recruter », estime toutefois Maurice Wintz en donnant l’exemple du Bund, association de protection de l’environnement allemande, qui recrute en porte-à-porte et se finance à hauteur de 95% par les dons. « Ce modèle est à étudier car il a fait ses preuves sur le terrain », indique le représentant d’Alsace Nature. Le taux d’érosion des militants ne serait que de 10% par an. A comparer aux chiffres avancés par le directeur de Bretagne Vivante, qui constate que 50% de ses nouveaux adhérents ne ré adhèrent jamais. « N’est-il pas envisageable de mettre en place un système de financement sur le modèle de la taxe dont bénéficient les fédérations de chasseurs ? », propose la directrice de la Frapna. Une solution qui paraît toutefois difficile à mettre en œuvre dans le contexte politique actuel.  L’autre possibilité serait de se tourner vers le privé. « Un échange de bonnes pratiques au sein de FNE est nécessaire », suggère Claude Carsac d’Essonne Nature Environnement. Se pose également la question de la place des activités de bureaux d’études et de gestion déléguée de services publics menées par les associations dans ce contexte difficile.

« La crise pose la question de l’identité même de l’association », estime le directeur de Bretagne Vivante. « A-t-on vocation à n’être que des prestataires de délégation de service public ? », interroge ce dernier, alors qu’il entend aussi orienter l’association vers des activités plus militantes. D’où une équation difficile à résoudre : conserver l’énergie militante de l’association, avec des adhérents moins nombreux et vieillissants, tout en veillant à la préservation de l’emploi salarié. Il s’agit de conserver l’activité salariée mais dans l’action participative plus que dans une activité de bureau d’études.

Au-delà de fermer le robinet des subventions, plusieurs régions entendent bien réduire aussi la représentation des associations.  « Cela pose la question de la place des associations critiques dans le débat national », résume Maurice Wintz d’Alsace Nature. La tentation de rentrer dans le rang peut exister alors que des associations non rebelles, dont l’activité s’apparente à celle de bureaux d’études, obtiennent intégralement leur financement. Mais cette tentation semble vite rejetée. « Si on range nos griffes, on est mort », estime Charles Braine. « On ne peut pas céder là-dessus, sinon on ne sert plus à rien », confirme M. Wintz, sauf à sortir du jeu et à « cogner ». Une stratégie d’opposition musclée s’annonce, qui n’était pas jusque-là dans les gènes de l’ONG.