Le projet de logements sociaux à Louveciennes

Un peu d’histoire…

Louveciennes, située entre Versailles et Saint-Germain-en-Laye, est une ville qui a su conserver les traces de son passé. La ville prend son essor au XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIV et de son installation à Versailles. Non content d’y installer sa cour, le roi fait construire le château de Marly (commune limitrophe) et créé un circuit de l’eau pour alimenter les fontaines et jardins de Versailles. Parmi ces équipements, on retrouve la machine de Marly, permettant de pomper l’eau de la Seine, et l’aqueduc de Louveciennes, qui transportait cette même eau.
C’est cet aqueduc qui nous intéresse aujourd’hui : sa construction fut supervisée successivement par Jules Hardouin-Mansart, Robert de Cotte, Jean Bailly et Louis Rocher. Mesurant 643 mètres de long et 36 arches, il est un témoin monumental de l’ingénierie hydraulique mise en place par le Roi Soleil. Il fut mis hors service en 1886 et classé au titre des Monuments Historiques  en 1953.

Aqueduc_de_Louveciennes,_aerial_winter_view

Revenons au présent

En 2016, la mairie de Louveciennes décide de voter une modification du PLU existant, prévoyant entre autres un projet immobilier de logements collectifs de grande ampleur. L’arrêté du 22 décembre 2016 autorise en effet la construction d’un ensemble immobilier composé de 64 logements répartis en deux bâtiments sur un terrain déclassé par la mairie et situé près de l’aqueduc.

Alertées, les associations locales de défense du patrimoine se saisissent du dossier, informent les associations nationales (dont la nôtre) et tentent de se mobiliser contre ce Plan Local d’Urbanisme. Plusieurs recours sont déposés : un recours gracieux contre la délibération autorisant l’opération, et trois recours contentieux portant sur le déclassement d’une des parcelles, la cession du terrain et le permis de construire. Les associations souhaitent en effet prouver que l’arrêté du 22 décembre 2016 est, à leur sens, illégal et ce pour plusieurs raisons :

  • Le site d’implantation des logements collectifs n’est pas bon : c’est un site boisé (autrefois classé en zone N) et en co-visibilité directe avec l’aqueduc, dont la gestion appartient au domaine national de Marly et qui est classé Monument Historique ;
  • La volumétrie du projet n’est pas simple, ce que préconise pourtant le PLU ;
  • Ce projet ne pourra pas s’intégrer dans son environnement. C’est donc une erreur d’appréciation d’autoriser sa construction.

D’autres moyens ont aussi été mis en place par l’association pour tenter de lutter contre ce projet : une pétition a été lancée en mars 2017 par l’association-membre RACINE pour la création d’une AVAP (Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine), qui permettrait de réconcilier les habitants et leur cadre de vie.

aqueduc cimetière

Mais une révision complète du PLU a été votée le 6 décembre 2017 : elle prévoit la réalisation d’ici 2030 de 1070 logements supplémentaires, y compris sur le secteur sus-cité près de l’aqueduc. L’ABF et le commissaire enquêteur recommandent qu’à « titre de compensation des améliorations [soient] prévues, visant à ajouter « une obligation de plantation d’arbres hauts et bas dans les bandes végétalisées afin de constituer un masque visuel dense par rapport aux constructions existantes pour les secteurs de Villevert, du Coeur Volant et de la Croix de Marly ».

Et maintenant ?

L’association RACINE a déposé au début de l’année 2018 un recours gracieux contre le PLU du 6 décembre 2017. Pourquoi ? Parce qu’ « il apparaît clairement que les constructions massives envisagées au pied de l’Aqueduc et plus tard aux Rougemonts vont à l’encontre de la préservation de la trame verte telle que définie dans le schéma régional de cohérence écologique. Ce schéma s’appuie sur les disposions existantes du code de l’environnement et du code de l’urbanisme. » En février 2018, c’est donc un recours en annulation qui a été formé contre la délibération du 6 décembre 2017 par laquelle le conseil municipal de Louveciennes a approuvé la révision du PLU.

Fin mars 2018, nous déposions un recours contentieux devant le Tribunal Administratif de Versailles contre la décision prise début janvier 2018 par laquelle le maire a implicitement refusé de recueillir l’accord de l’ABF sur l’opération de défrichage d’environ 4000 m² de bois. Enfin, à ce recours contentieux s’ajoutent des recours gracieux le mois dernier encore contre les différents permis de construire déposés.

L’EPV et le domaine national de Marly-le-Roi

C’est par une signature de convention le 28 mai 2009 qu’a été mis à disposition de l’Etablissement Public de Versailles le domaine national de Marly-le-Roi et l’aqueduc de Louveciennes. Notre association, impliquée dans la défense du cadre de vie à Louveciennes, particulièrement au pied de cet aqueduc, a souhaité en savoir plus sur la gestion de l’aqueduc.

Si la politique de gestion du domaine national de Marly apparaît dans les rapports d’activité de l’EPV, la gestion de l’aqueduc de Louveciennes n’y a pas sa place. En vain, nous avons essayé d’en savoir plus sur la politique de gestion de l’aqueduc, mais n’avons pas eu de réponses à nos questions.

Pourtant, le rapport d’activité de 2016 mentionne les chiffres de 35 kilomètres de réseaux hydrauliques sur le domaine de Versailles, ainsi que 55 bassins et fontaines, et plus de 600 jeux d’eau ! L’aqueduc de Louveciennes s’inscrit dans le patrimoine hydraulique de la plaine de Versailles, et représente au même titre que les fontaines et bassins du domaine un témoignage du génie hydraulique de l’époque. Sa valorisation par l’Etablissement Public de Versailles est donc nécessaire.